Critique : Sans Issue

 
Un film de Mabrouk El Mechri. Avec Henri Cavill, Bruce Willis, Sigourney Weaver. Sortie le 2 mai 2012.

 

Le réalisateur des mélancoliques Virgil et JCVD s’offre les services de John McClane et de Superman. La classe ? Pas vraiment !

 

Note : 1/5

 

Pour son premier film Outre Atlantique, Mabrouk El Mechri, voit les choses en grand en réunissant Henry Cavill (futur Superman de Zack Snyder), Bruce Willis et Sigourney Weaver, la caution cocorico étant quant à elle assurée par Roschdy Zem. Malheureusement, le résultat s’avère bien deçà des ambitions affichées par ce casting hétéroclite. Autant le dire tout de suite : Sans Issue ne fera pas office de ticket d’entrée pour Hollywood pour son réalisateur. En dépit de son indéniable talent, Mechri rejoint Eric Valette, Matthieu Kassovitz ou encore Xavier Palud au panthéon des expatriés sacrifiés ! Et pourtant on aurait bien voulu y croire à cette course contre la montre sur fond de feux croisés entre le Mossad et la CIA. Sans trop d’efforts, Sans Issue tente de se la jouer « 24 en mode neurasthénique » en collant aux baskets d’un jeune américain courant dans tous les sens pour sauver sa famille kidnappée. Las, le film vire très rapidement au DTV de luxe par l’entremise d’une distribution au mieux fade (Henry Cavill n’est pas Kiefer Sutherland) au pire venue cachetonner à l’image d’un Bruce Willis dont le temps de présence à l’écran ne justifie même pas la mention de son nom sur l’affiche. Aussi bien pour eux que pour Mechri, Sans Issue fait office de « devoir imposé », sorte d’étape laborieuse mais nécessaire pour parvenir à on ne sait quel sésame. Si on imagine bien que pour le réalisateur de JCVD il s’agit davantage de montrer patte blanche que d’imposer sa griffe au sein du système hollywoodien, on voit mal ce que Bruce Willis est venu faire dans cette galère si ce n’est pour montrer poussivement qu’il est encore dans le coup ! Au regard des gros efforts physiques imposés par son rôle (j’enfonce une porte et je casse un bras !) force est de constater que le jeu n’en valait pas la chandelle.

 

Henry Cavill dans Sans Issue de Mabrouk El Mechri
© SND

 

L’enjeu est peut être plus évident pour Cavill qui a encore tout à prouver avant d’enfiler les collants de Superman. Là encore la démarche se révèle totalement vaine. Pire, elle le dessert tant le comédien peine à faire exister un personnage particulièrement fade.Il faut dire que les comédiens sont loin d’être aidés par une écriture très superficielle où tout n’est que prétexte à montrer une Espagne de carte postale. Ici, aucune espèce d’empathie pour des protagonistes réduits au stade de pantins évoluant comme ils peuvent. Personne n’y croit aussi bien devant que derrière la caméra. Et ce  ne sont pas les trois roulements de yeux de Sigourney Weaver qui attesteront du contraire. Et alors que le salut aurait pu se trouver du coté de la réalisation, Mechri étonne via une mise en images plate d’où ne ressort aucun génie ni point de vue. Certes l’histoire ne s’y prêtait pas vraiment mais on attendait quand même plus de tonus de la part de l’homme qui aura su réhabiliter Jean Claude Van Damme dès le plan séquence d’ouverture de son référentiel JCVD. Et bien non malheureusement : hormis de très rares plans rigolos, l’ami Mabrouk semble se faire profondément chier derrière son combo et se contente de verser dans l’illustration mollassone là où un peu plus d’énergie aurait été nécessaire pour booster une intrigue cousue de fils blancs. Non vraiment pour le coup Sans Issue a bien mérité son titre français et c’est bien dommage au regard des atouts dont il disposait !

 

Mou du genou, Sans Issue ne parvient jamais à convaincre en dépit du vivier de talents qu’il a su réunir. On appelle ça un beau gachis !