Critique : Sherlock Holmes – Jeu d’Ombres

 

Un film de Guy Ritchie. Avec Robert Downey Jr, Jude Law, Noomi Rapace. Sortie le 25 janvier 2012.

 

Sherlock revient et il n’est pas content. Préparez le colt et révisez vos cours de maths, le voyage risque d’être sacrément mouvementé !

 

Note : 3,5/5

 

Décalqué du bulbe mais malin comme un renard… voilà comment on pourrait décrire le Sherlock Holmes immortalisé par Robert Downey Jr devant la caméra de Guy Ritchie en 2010. Après avoir dépoussiéré le plus célèbre des détectives privés (depuis Steven Moffat est passé par là), le duo infernal est de retour pour un nouvel opus placé sous le sacro saint signe du bigger,better & louder . Trois contraintes largement remplies par ce jeu d’ombres qui n’ambitionne non pas de duper le spectateur mais de l’emmener dans un voyage tonitruant faisant autant parler l’intellect que la poudre. Un divertissement intelligent en ces temps d’inertie, est ce possible ? Mais comment ? Elémentaire mon cher Watson ! Si tout héros se doit d’avoir un Nemesis digne de ce nom alors celui de Sherlock Holmes a la lourde tache de lui tenir la dragée aussi haute que possible. Donc acte avec un Moriarty diabolique à souhait qui pousse le vice au point de faire chauffer jusqu’à saturation la matière grise du grand Sherlock. Entre le stratège maléfique et l’enqueteur névrotico génial c’est une véritable guerre du cortex qui s’engage pour notre plus grand plaisir ! Jigsaw peut aller se rhabiller, ces deux là ont vraiment tout prévu !

 

Jared Harris dans Sherlock Holmes : Jeu d'Ombres de Guy Ritchie
© Warner Bros Pictures France

 

L’alliance parfaite entre force brute et raison pure, voilà le leitmotiv de cette suite recyclant à merveille la formule du premier opus pour mieux la repousser jusque dans ses derniers retranchements.  A savoir satisfaire les amateurs d’action tout en distillant un certain ludisme qui ravira les amateurs d’énigmes bien tordues. Un voyage parfois éprouvant car se faisant au rythme de deux cerveaux évoluant à une vitesse folle si bien que l’on peine parfois à saisir toutes les informations qui nous sont données tant celles-ci sont nombreuses. Mais c’est paradoxalement dans ce dédale que l’on se plait à se plaire tant nos guides font preuves d’une bonne humeur communicative. A commencer bien entendu par le duo (couple ?) Robert Downey Jr/Jude Law qui joue à mort de  son coté crypto gay via de savoureux discours à double niveau. De l’autre coté du ring Jared Harris campe un très crédible professeur Moriarty parfait contrepoint du grand Sherlock et ne sombrant jamais dans un trop plein de théatralité. Un Diable à visage humain d’autant plus insoupçonnable que rien ne semble le distinguer de son ennemi juré si ce n’est un sex appeal volontairement absent. On sera plus réservé concernant Noomi Rapace gitane envoutante mais ne servant au final que de faire valoir.

 

Robert Downey Jr, Noomi Rapace et Jude Law dans Sherlock Holmes : Jeu d'Ombres de Guy ritchie
© Warner Bros Pictures France

 

Tout ce petit monde s’agite au sein d’une intrigue maligne et fortement politisé. Sous ses dehors de blockbuster pétardant, ce nouvel opus use intelligemment de la métaphore pour dénoncer la politique américaine à l’étranger. Gonflé, surtout quand cela se traduit par un discours de Moriarty glaçant de lucidité. Insidueusement, Sherlock Holmes 2 fait alors étrangement écho à une page très contemporaine de notre Histoire et invoque de bien étranges fantômes.  Un peu de subversion du coté de Baker Street ? On en demandait pas autant mais pourquoi se plaindre surtout quand c’est assené de manière intelligente. Que les amateurs de bourinage se rassurent, Sherlock Holmes 2 fait aussi dans la destruction massive. Et force est de reconnaître qu’en la matière Guy Ritchie a fait de nettes progrès via des séquences d’actions gagnant autant en lisibilité qu’en velocité. En témoignent particulièrement deux excellents morceaux de bravoure calculés au millimètre près et fort bien géré par un cinéaste qu’on sent de plus en plus mature. Visiblement revenu des exactions de Revolver, Ritchie laisse le clippeur au placard pour mieux le faire ressortir de manière plus intelligente et moins ostentatoire. Comprendre par là que l’ex de Madonna sait doser ses effets et ça se voit. Comme dans Sherlock Holmes premier du nom son style sert avant tout la narration et non l’inverse. Dommage au final que passé l’ébouriffante séquence ferroviaire, Sherlock Holmes 2 se pose davantage sur des rails (attention blague) comme s’il avait peur de surcharger son cahier des charges. Un syndrome déjà présent dans le non moins réussi Mission : Impossible 4. Au final tout cela n’est que broutille tant cette petite baisse de régime n’entrave jamais le plaisir procurée par cette suite drôlement réussie. How we’ve missed you Holmes !
 
 

Retour gagnant pour Sherlock Holmes qui ne se contente pas de recycler paresseusement la recette qui avait fait le succès de son prédécesseur. Du fond, de la forme et surtout de la gueule !