Critique : Snowpiercer, le Transperceneige

 

Un film de Bong Joo-Ho. Avec Chris Evans, Song Kang-Ho, John Hurt. En salles le 30 octobre 2013.

 

 

Le réalisateur de The Host nous embarque dans une virée tortueuse pour mieux explorer les marasmes de l’âme humaine. Accrochez vos ceintures !

 

Note : 4/5

 

Un coréen fou pour adapter une BD française culte. Voilà le drôle de pari fort bien relevé par Snowpiercer , le Transperceneige qui nous emmène dans un futur post apocalyptique où les derniers survivants d’une Terre ravagée par l’ère glaciaire ont trouvé refuge dans un immense train dans lequel les plus démunis se retrouvent calfeutrés à l’arrière tandis que les plus riches coulent des jours paisibles à l’avant. Et alors que le train continue sa folle et inlassable course, la révolte gronde parmi le petit peuple… A l’image du récent Elysium, Snowpiercer décide de situer sa lutte des classes dans un avenir lointain dévasté – on le suppose – par la folie des hommes. Mais là où le film de Neil Blompkamp tendait à beaucoup trop politiser son discours quitte à verser dans la surenchère, celui de Bong Joon-Ho préfère se focaliser sur l’humain, cet imprévisible facteur capable du meilleur comme du pire. Et c’est bien cela qui interpelle ici. Outre sa sa fureur brute, Snowpiercer marque par le constat, d’une noirceur infinie,  qu’il dresse sur la condition humaine. Difficile d’en dire plus sans dévoiler les multiples surprises que révèlent cet éprouvant voyage au bout de l’enfer. Tout juste peut-on dire qu’aussi bien dans ses tenants que dans ses aboutissants, le film fait basculer nombre de certitudes et dérange plus qu’il ne choque.

 

© Tous droits réservés
© Tous droits réservés

 

Tant sur le fond que sur la forme, le métrage renvoi à tout un pan du cinéma SF français, celui qui, à une certaine époque, n’hésitait pas à dépeindre un futur crade où tout espoir de rémission se voyait peu à peu réduite à peau de chagrin. Il y a dans Snowpiercer quelque chose de profondément malsain, d’autant plus qu’il fait écho à la beauté glacée du train et à l’aliénation de ses drôles de passagers. Si le voyage se révèle par moment rébarbatif jouant allégrement sur une répétition totalement consciente, c’est pour mieux nous reprendre lors d’un final puissant et destiné à marquer les esprits. Plus hargneux qu’à l’accoutumée, Bong Joo-Ho dynamise (parfois en vain) sa mise en scène et maitrise à merveille un parcours tout en horizontalité. Une parfaite gestion de l’espace qui est pour beaucoup dans la réussite de cette odyssée à la très belle direction artistique et porté par un Chris Evans d’une maturité étonnante. A ses côtés, le toujours stoïque Song Kang-Ho fait preuve d’une réel flegme tandis que le cabotinage de Tilda Swinton (flippante en sosie ultra rachitique de Susan Sarandon) vient apporter un zeste de folie dans ce monde de brutes.

 

Si Snowpiercer n’est pas le chef d’œuvre tant vendu, il n’en demeure pas moins un étonnant voyage aussi beau que terrifiant.

 

 

 



Powered by Preview Networks