Critique : Sur la piste du Marsupilami

Un film d’Alain Chabat. Avec Alain Chabat, Jamel Debbouze, Fred Testot. Sortie le 4 avril 2012.

 

Alain Chabat adapte Franquin à sa sauce et embarque Jamel dans sa folle course. Houba ?

 

Note : 2/5

 

En préambule du dossier de presse, Alain Chabat exhorte – très justement – les journalistes à ne pas révéler toutes les surprises de son nouveau film. Or,  des surprises il n’y en a pas des masses dans cette relecture de l’œuvre de Franquin. Il aura fallu sept ans à l’ex Nul pour porter enfin à l’écran les aventures de cette drôle de bête qu’est le Marsupilami. Sept années durant lesquelles il se sera creusé le citron sur le meilleur moyen de le faire exister sur grand écran. Sur ce plan là rien à redire : en optant pour les CGI, Chabat donne vraiment corps au Marsu et rend son insertion dans l’univers live tout de suite crédible. A contrario du récent Les Schtroumpfs, Sur la piste du Marsupilami n’aseptise pas le look de sa bestiole vedette. De fait, il faut bien reconnaître que Chabat réussit parfaitement à respecter l’esprit de Franquin. Aussi imparfait soit le résultat on ne peut que saluer la sincérité de la démarche. Mais si cela suffisait à réussir un film ça se saurait ! Prisonnier de ses bonnes intentions, l’acteur/réalisateur ne prend jamais vraiment de recul avec son sujet et accouche d’un film bicéphale à cheval entre divertissement résolument enfantin et grosse déconne. S’il est difficile de reprocher à Chabat une certaine générosité, il faut bien reconnaître qu’ici la volonté de vouloir plaire aux tout petits prime sur les réelles velléités comiques de l’ensemble.

 

Sur la piste du Marsupilami
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Contrairement à Mission : Cléopâtre qui avait su rallier deux types de publics via un second degré omniprésent, Sur la piste du Marsupilami opte pour l’humour ras des pâquerettes en multipliant les grimaces outrancières et autres blagounettes qui ne feront rire que les moins de huit ans. Et pourtant, le film ne se prive pas de quelques fulgurances renvoyant à la meilleure adaptation à ce jour des aventures d’Astérix. Sauf que pour un gag réussi (dont un impliquant Jamel et un chien) quatre autres tombent à l’eau.  A trop verser dans le cartoon live, Alain Chabat finit par verser dans une frénésie parfois lassante. En pilotage automatique, l’intrigue ne finit que par être tributaire des gags cartoonesques émaillant cette vraie/fausse comédie d’aventure quitte à faire preuve d’une certaine redondance. Etirée au maximum, celle-ci finit par faire du surplace à force de gags répétés inlassablement et passe à coté de quelques belles pépites. Symptomatique de cette tendance : des seconds rôles laissés de coté (Géraldine Nakache, Patrick Timsit scandaleusement sous exploités) ou utilisés à la dernière minute malgré un potentiel énorme (Lambert Wilson qui se fend d’un très drôle baroud d’honneur). Autant d’éléments qui confirment que Sur la piste du Marsupilami n’est pas le nouveau Mission : Cléopâtre mais un divertissement purement enfantin. Là dessus mission accomplie : ça s’agite suffisamment dans tous les sens pour éviter à nos chères têtes blondes de s’ennuyer tandis que le Marsu (véritable réussite du film) est choupi comme tout et 100% fidèle aux dessins de son géniteur d’origine. Traduction : les enfants seront surement contents, les fans des Nuls en auront pour leurs frais. Choisis ton camp camarade !

 

Destiné aux plus jeunes, Sur la piste du Marsupilami est une comédie d’aventures prisonnière de ses bonnes intentions qui, à force, d’en vouloir faire trop finit par tourner à vide. Dommage, la démarche était séduisante.