Un film de Frédéric Schoendoerffer. Avec Eric Cantona, Karine Vanasse, Mehdi Nebbou. Sortie le 6 juillet 2011.
L’auteur du Concile de pierre et le réalisateur de Truands font courir Eric Cantona dans un polar d’appellation française. Cours Eric, cours !
Note : 2/5
En 2000, Frédéric Schoendoerffer réalisait Scènes de crime, thriller carré et efficace d’une impressionnante rigueur. On ne semblait plus y croire mais le grand polar français semblait renaitre de ses cendres. L’espoir fait vivre ! Depuis, Olivier Marshal est passé par là et l’ami Schoendoerffer s’en est allé explorer d’autres cieux, du film d’espionnage (Agents Secrets) à la série B vitaminée aux dialogues anthologiques (souvenez vous Philippe Caubère à qui on ne beurre pas la raie dans Truands !) en passant par la petite lucarne avec Braquo. Un dernier carcan dont le cinéaste ne semble pas s’être encore remis à en juger par son nouveau né. Switch suit ainsi le calvaire d’une jeune touriste québécoise accusée de meurtre après avoir échangé son appartement avec une mystérieuse correspondante française. Prise à tort pour cette dernière et incapable de prouver sa réelle identité, notre belle compatriote de Céline Dion, court dans les rues de Paris à la recherche de la vérité. Un postulat de départ qui rappelle furieusement le récent Sans Identité dans lequel Liam Neeson courrait (oui lui aussi !) à la recherche de son identité. Sauf que Schoendoerffer n’est pas Jaume Collet-Serra et le prouve en à grands renforts de shaky cam, travellings circulaires et autres zooms dans l’image insupportables. Une grammaire cinématographique somme toute parkinsonienne utilisée ici dans le seul but de dynamiser une action plate au possible.

Sauf qu’à trop singer Paul Greengrass, le cinéaste finit par lasser, voire agacer ! Trop occuper à donner un semblant d’urgence là où il n’ y en a pas, Schoendoerfer oublie ses personnages réduits ici au stade de figures imposées. D’autant plus dommage que certains acteurs se montrent plutôt convaincants, de la belle Karine Vanasse – très crédible en coupable idéale- à une Karina Testa sacrément flippante . Coté flics : si Eric Cantona ne semble pas particulièrement à l’aise, Mehdi Nebbou, lui est d’une dignité absolue au point de bouffer l’écran. Tout ça pour palier les carences d’un scénario qui à force d’invraisemblances finit par ne ressembler qu’à un gros pot pourri. Complots, flics sur les nerfs et variations sur l’eugénisme… Bienvenue dans l’univers de Jean-Christophe Grangé dont l’art du recyclage n’est plus à prouver. Et si on est loin de la bêtise du Concile de pierre qui voyait – ATTENTION SPOILERS– Catherine Deneuve se transformer en ours – FIN SPOILERS -, force est de reconnaître que Switch se révèle presque aussi gratiné en matière d’aberrations scénaristiques. On a beau être habitué chez Grangé on espérait quand même que le monsieur se creuse un peu plus le melon pour son premier essai ciné. Perdu ! Le résultat s’avère cousu de fils à blancs tout en étant traversé de dialogues parfois lénifiants (« Elle a échangé son appartement et le cauchemar lui est tombé dessus »). La caution nanarde – étonnamment absente- est quant à elle assurée par les quelques minutes de présence de Ludovic Schoendoerffer dont le jeu légitimerait à lui seul une séance Bis ! Etonnant donc de la part d’un cinéaste comme Schoendoerffer qui semble, sous l’amas d’effets de style horripilants, animé d’une réelle volonté de booster le thriller à la française. Encore aurait-il fallu pour cela se prémunir d’un scénario plus intelligent et d’une réalisation moins tape à l’œil, car du vide, même secoué dans tous les sens, ça reste du vide !
Long épisode du Commissaire Moulin à la sauce Grangé, Switch aurait pu être véritablement trépidant s’il n’essayait pas bêtement de scotcher son public avec de grands effets superflus et ridicules.