Critique : The Bling Ring

 

Un film de Sofia Coppola. Avec Emma Watson, Israel Broussard, Katie Chang. Sortie le 12 juin 2013.

 

Sofia Coppola délaisse un temps les beautés virginales pour s’attaquer aux Wasp BCBG. So chic !

 

Note : 3,5/5

 

Cinéaste de l’ennui (dans le bon sens du terme), Sofia Coppola continue son exploration des turpitudes adolescentes en se focalisant sur son coté bling. Quitte pour cela à adapter son style au train de vie frénétique de ses protagonistes. Fini les envolées lyriques à la Virgin Suicides ou Somewhere, la réalisatrice s’efface derrière son sujet tout en évitant de tomber dans l’écueil de la prise de position réactionnaire. A contrario du très surfait Springbreakers, The Bling Ring ausculte avec finesse la fascination de la jeune génération pour l’image. A l’heure où l’image appelle à une starification aussi immédiate que fugace, le film apparaît comme une étude pertinente et jamais tape à l’œil. En effet, Coppola fille a bien compris qu’aussi morale soit sa fable, elle ne pouvait être impactante qu’à condition de se reposer sur des personnages ayant un minimum de substance bien loin de la caricature dans laquelle Harmony Korine a récemment enfermé ses braqueuses en bikini. Sans cynisme ni même réelle empathie (quoique), elle transforme The Bling Ring en chronique douce amère souvent chic, rarement toc mais toujours agréable à suivre.

 

© Pathé Distribution
© Pathé Distribution

 

Un peu trop même car si le film slalome judicieusement entre les obstacles du bien pensant, il ne se démarque pas non plus par une audace particulière,  préférant diluer un plaisir aussi doux qu’éphémère… à l’image du butin récolté par notre bande d’Arsène Lupin en herbe. Reste qu’en dépit de ce vrai/faux sentiment de vacuité, The Bling Ring fait office de solide rampe de lancement pour jeunes acteurs qu’on (re)découvre ici sous un autre jour. A commencer par Emma Watson, parfaite en chef de bande ayant parfaitement compris les rouages d’une société ne jurant que par la sacro sainte image. Tour à tour virginale et diabolique, elle incarne à merveille les multiples facettes de cette jeunesse dorée en quête d’identité. Idem pour la newbie Katie Chang qui forme avec le touchant Israël Broussard (véritable star du film) un surprenant duo. Et c’est lorsqu’il s’attache à la relation ambiguë entre ces deux derniers que le film parvient à nous cueillir car mettant en exergue toute la cruauté induite par les rapports de force dessinés dans le groupe. Au final on retiendra de The Bling Ring une belle réflexion sur le pouvoir de l’image à l’ère de l’instantanéité.

 

Traiter de la superficialité avec cœur voilà tout le paradoxe de cette parenthèse pas si mineure que ça dans la filmographie de Sofia Coppola.

 

 



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