Critique : The Impossible

 

Un film de Juan Antonio Bayona. Avec Ewan McGregor, Naomi Watts, Geraldine Chaplin. Sortie le 21 novembre 2012.

 

Après une belle incursion dans le fantastique en 2007 avec L’Orphelinat, le réalisateur Juan Antonio Bayona se penche sur un évènement aussi immense que les talents de son casting. Va-t-il se perdre dans ce tsunami ou trouvera-t-il une nouvelle force pour confirmer son talent de metteur en scène ?
 
 

Note : 3/5

 

Le 26 décembre 2004, un tsunami d’une rare force s’abattit sur les rivages de la côte Ouest de la Thaïlande. Le terrible raz-de-marée laissa derrière lui plus de 5000 morts, 2800 disparus et 1480 orphelins ; pourtant la famille espagnole (ici anglaise) Alvarez Belon va vivre l’impossible et profiter d’un incroyable destin. Interpellé par cette histoire, entendue a la radio, le producteur Belen Atienza (L’Orphelinat, Le Labyrinthe de Pan) décide de vouloir produire un film et se tourne vers le scénariste Sergio Sanchez et le réalisateur Juan Antonio Bayona. Les deux hommes, déjà à l’origine de l’Orphelinat, retrouvent donc leur producteur pour un projet hors normes. Porté par le succès de son précédent film, Bayona quitte le genre fantastique pour dépeindre l’horreur réelle d’un quotidien bouleversé. Si les premières minutes du film montrent une famille normale où le plus grand des enfants, Lucas, se sent un peu à part des ses deux jeunes frères, l’arrivée du drame change tout.

 

Ewan McGregor dans The Impossible de Juan Antonio Bayona
© SND

 

Criant de vérité dans  la mise en scène, dans le peu d’effets spéciaux numériques utilisés et dans le superbe mixage son, cette intense séquence de tsunami d’une dizaine de minutes, a de quoi rappeler celle du débarquement d’Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg. Lucas se retrouve donc seul dans les flots avec sa mère blessée; commence alors une longue marche pour chercher des secours dans une Thaïlande dévastée. Le point de vue de Lucas est alors celui que Bayona suivra pendant une bonne partie du film rappelant un autre long-métrage de S. Spielberg l’Empire du soleil. Par la force de l’évènement, Lucas grandit subitement pour surmonter ses peurs même si les blessures de sa mère le perturbent. Le talent du jeune acteur Tom Holland est prometteur tant le rôle est éprouvant aussi bien sur les plans physique et émotionnel. Il est tout autant pour les acteurs Naomi Watts et Ewan McGregor, parents blessés et presque désespérés ainsi que Samuel Joslin et Oaklee Pendergast, les deux frères de Lucas, Thomas et Simon.  Malgré un talent de mise en scène et une technicité indéniables, Bayona n’évite pas des pièges du genre où certaines scènes, déjà éprouvantes à l’écran, sont surlignées de violons ou d’insister sur les blessures et/ou le trauma des survivants. Ceci étant dit, ces écueils ne sont pas légions mais ils sont assez (pré)visibles. Lorsque le film change du point de vue de Thomas pour suivre celui de son père, le rythme de l’ensemble semble prendre un coup pour ne jamais retrouver son intensité; et ce, en dépit de quelques fulgurances visuelles magnifiées par la photo d’Oscar Faura.

 

Pour son second opus Juan Antonio Bayona voit grand et s’attèle à la tâche avec ferveur mais il trébuche quelque peu sur les pièges du genre.