Critique : Thor – le monde des ténèbres

 

Un film d’Alan Taylor. Avec Chris Hemsworth, Nathalie Portman, Tom Hiddleston. En salles le 30 octobre 2013.

 

Le dieu du tonnerre revient dans un second opus mi figue mi raisin qui ne mérite toutefois pas de s’attirer les foudres du public.

 

Note : 2,5/5

 

Après un premier opus très controversé et un passage chez les Avengers, le maitre du gros marteau qui fait mal revient défendre la Terre du courroux d’un terrible ennemi. Voilà en gros le pitch timbre poste de Thor : le monde des ténèbres qui, selon la formule consacrée, ambitionne de verser dans le bigger, better and louder. Terminées donc les dilemmes shakespeariens et autres blagounettes sur le choc des cultures entre asgardiens et terriens, ce Thor là compte bien faire parler la foudre avec pertes et fracas. Et de pertes il en est fortement question dans ce nouvel opus qui perd en psychologie ce qu’il gagne en action. Plus épique que l’épisode signé par Branagh, Thor 2 semble toutefois faire les frais d’un héritage télévisuel trop pesant. Il faut dire qu’à la réalisation on trouve Alan Taylor, plus connu pour ses incursions télévisuelles (Game of Thrones, Mad Men, les Soprano) que cinématographiques (les très confidentiels The Emperor’s New clothes et Les amateurs) tandis que le scénario est co signé par Christopher Yost qui officia jusque là sur les DTV animés de Marvel. Si Taylor fait plutôt bien son boulot, force est de reconnaître qu’aucune folie ou réelle démesure ne ressort de sa mise en scène. Non, pour le coup Taylor joue les yes man, docilité qui a peut être convaincu Marvel de le choisir pour remplacer Patty Jenkins (Monster) partie pour cause de «différends artistiques». En l’état, le film enchaine les morceaux de bravoure à vitesse métronomique un peu comme une série TV qui se sentirait obligé de condenser l’action afin d’empêcher le spectateur de zapper.

 

© Paramount Pictures
© Paramount Pictures

 

De fait, ceux qui reprochaient au premier film de trainer la patte ne pourront être que ravis par un tel revirement, les autres regretteront certainement l’abandon de thèmes qui auraient gagnés à être creusés ici. Si ce second chapitre ne provoque réel ennui et exploite pleinement la dimension épique de son héros titre via des batailles flirtant parfois trop avec le space opera il lui manque toutefois quelques ingrédients de taille. A commencer ici par un méchant digne de ce nom. Totalement carnavalesque derrière son maquillage, Christopher Eccleston se montre des plus transparents dans la peu du maléfique Malekith et peine à incarner un adversaire à la mesure du grand Thor. Pas étonnant donc que Tom Hiddleston ait rempilé pour une session de tournage supplémentaire tant son personnage de Loki reste, n’en déplaise à beaucoup, l’un des méchants les plus intéressants de l’univers Marvel. L’autre défaut du film réside dans sa propension à désamorcer constamment tout enjeux dramatiques par l’entremise d’œillades bien appuyées au public. Un écueil dans lequel était déjà tombé Iron Man 3 et qui devient là plus qu’embarrassant. Plutôt intéressant quand il se situe dans les hauteurs d’Asgaard (on sent l’héritage Game of Thrones de Taylor), le film perd peu à peu en impact dès lors qu’il s’échappe de la dite planète. Il en résulte un divertissement plaisant mais bien trop fonctionnel et symptomatique d’une certaine mécanique Marvel qui tend à rendre ses stands alone de plus en plus interchangeables à l’image de la série Agents of S.H.I.E.L.D qui en représente les pendants cheap. On croise les doigts pour que les sales gosses James Gunn et Edgar Wright insufflent un peu de folie dans tout ça avec respectivement Guardians of the Galaxy et Ant-Man.

 

Moins désastreux que ce que son development hell laissait présager, Thor 2 n’est pas pour autant le coup de massue que l’on aurait pu espérer.

 

 



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