Critique : Titeuf


Un film de Zep. Avec les voix de Zabou Breitman, Sam Karmann, Jean Rocherfort. Sortie le 6 avril 2011

 

Titeuf, le petit blond à la tête d’oeuf, débarque sur grand écran sous la direction de son créateur Zep. Tchô bien ?

 

Note : 3/5

 

Petite leçon d’Histoire pour les réfractaires aux cases dessinées : crée en 1992 par le dessinateur suisse Zep, Titeuf est rapidement devenu un véritable phénomène de société avec plus de 16 millions d’albums vendus. Particulièrement apprécié des enfants (faut dire qu’entre têtes blondes on se comprend !), Titeuf est un drôle de bonhomme portant sur les adultes et le monde qui l’entoure un regard à la fois drôle et naïf, loin, très loin même, des introspections d’un Charlie Brown et de son chien Snoopy. Douze albums, neuf jeux vidéos, et une série TV plus tard, le garçon à la houppette s’extirpe enfin de ses petites cases pour tenter la grande aventure du cinéma. Voilà ça c’était pour ceux qui pensaient encore que Titeuf était le nom d’un rappeur. Les autres, bien au fait que « les filles c’est nul », retrouveront avec plaisir leur blondinet préféré, cette fois  confronté à deux problèmes majeurs : la séparation de ses parents mais surtout le mépris de son grand amour Nadia qui n’a même pas daigné l’inviter à son anniversaire. C’est vraiment pô juste !

 

Titeuf de Zep

 

Expressions « titeufiennes », situations cocasses et crottes de nez à tous les étages… aucun doute possible nous sommes bien dans l’univers de Zep et de son sacré sale rejeton ! Une recette qui a le double avantage de fédérer un public déjà acquis tout en conquérant un autre qui ne tardera pas à s’envoyer des « lâche moi le slip » à tout va !  Sur ce plan là, Titeuf, le film a tout bon et enquille bons mots et rêveries hilarantes à une vitesse métronomique. Seulement voilà : le résultat, aussi sympathique soit-il, manque singulièrement d’ampleur pour une transposition cinématographique. A trop se reposer sur ses acquis, le film de Zep oublie quelque peu de raconter une histoire à la hauteur du nouveau support qu’il squatte.  Ici, point de grande aventure ou d’intrigue trop longue à développer sur un format court, juste des instantanés de la vie du petit blondinet reliés par un fil narratif très tenu. D’où l’impression d’assister à un long épisode de la série TV, comme si Zep se retrouvait soudain intimidé par le grand écran.  A cela s’ajoute un recours totalement superflu à la 3D puisque n’apportant strictement rien à l’ensemble. Reste le plaisir de (re)trouver Titeuf et ses potes dans des échanges toujours aussi savoureux où dialogues joliment enfantins et gags pipi caca se renvoient la balle de manière très harmonieuse. Et c’est peut être là que se situe le réel intérêt du métrage : dans sa manière d’ausculter la psyché masculine à hauteur de petit garçon via notamment les relations que noue Titeuf avec Nadia mais aussi et surtout son père, prétextes à une poignée de séquences d’un lyrisme innatendu. D’une tendresse infinie dans son analyse de l’enfance à la fois naïve et lucide, Titeuf, le film ne révolutionnera absolument pas le genre mais  fait office de gentille petite comédie pour pré ados. Over méga attachant !

 

Jolie ode à l’enfance et à son inaltérable part d’innocence, Titeuf, le film aurait toutefois mérité un scénario à la hauteur pour nous emporter totalement.