Critique : Total Recall – mémoires programmées

 

Un film de Len Wiseman. Avec Colin Farrell, Kate Beckinsale, Jessica Biel. Sortie le 15 aout 2012.

 

Après avoir tenté de redonner un coup de fouet à la saga Die Hard, Len Wiseman prend le risque de rafraîchir la nouvelle de Philip K. Dick « Souvenirs à vendre » Erase or Rewind ?

 

Note : 2/5

 

L’idée de revisiter une nouvelle SF datant des années 60, aujourd’hui est louable mais vingt deux ans après une adaptation culte et non moins sans reproches de Paul Verhoeven, il n’y a qu’un pas. Si à l’image de Paul Verhoeven (qui à l’époque de Total Recall sortait d’un certain Robocop) Len Wiseman avait une ou plusieurs œuvres marquantes derrière lui, la crainte ne serait pas de mise. Hormis des films d’action passables pour les uns, horribles pour d’autres, le réalisateur d’Underworld a plutôt œuvré dans l’action clinquante que subversive. Or, la nouvelle de Philip K. Dick verse plus dans cette dernière catégorie. Pour s’atteler à cette lourde tâche, Wiseman a fait appel à son scénariste de Die Hard 4, Mark Bomback (Godsend, l’expérience interdite) et au réalisateur/scénariste Kurt Wimmer (Equilibrium, Ultraviolet) ; si l’ambiance générale tranche clairement et dans le bon sens, avec la version de 1990, toute la saveur de cette dernière s’est évaporée telle la mémoire de Douglas Quaid.

 

Colin Farrell et Jessica Biel dans Total Recall - mémoires programmées de Len Wiseman
© Sony Pictures Entertainment

 

Exit l’action sur la planète Mars, l’univers dans lequel évolue Quaid se passe bel et bien sur Terre sous une lumière sombre et un temps pluvieux façon Blade Runner (avec un zeste de Minority Report et de Doomsday). Et avec un chef décorateur comme Patrick Tatopoulos (I Robot), on sent que l’approche visuelle a de la « gueule ». Mais tout cela n’est qu’un arbre qui cacherait une forêt dévastée tellement  il n’y a rien. Tout reste en surface à commencer par l’action qui est très clinquante grâce à des « gimmicks »  hérités entre autres de jeux vidéo. Si la version du cinéaste néerlandais éclatait le modèle du héros américain par son impuissance et par le fait d’être souvent manipulé par les flux télévisuels, le remake by Wiseman se conforme à un certain puritanisme où la chair et le sang sont quasiment absents. Tout comme l’implication émotionnel du spectateur face aux événements qui inquiètent Douglas Quaid ou à la relation perdue / retrouvée avec Mélina (Jessica Biel dont le personnage est sacrifié). Il ne reste guère que la dévotion de l’épouse fictive, Lori (Kate Beckinsale, omniprésente), à supprimer Quaid pour amuser la galerie ainsi qu’un casting de seconds rôles sympathiques. Que dire sinon de la facilité du passage entre le monde vivable et celui contaminé avec l’aide d’un simple masque à gaz et un coup de métro de quelques minutes ? C’est simple comme bonjour sauf que n’est pas Paul Verhoeven qui veut…
 
 

Le Total Recall de 1990 peut sembler kitsch comparé à cette version 2012, il en regagne d’intérêt tant ce remake, à fier allure, n’a rien à offrir sous le capot. On serait presque tenté d’appeler le film Total Recall, mémoires déprogrammées. Fin de transmission.