Critique : Tous les soleils

 

Un film de Philippe Claudel. Avec Stefano Accorsi, Clotilde Courau, Anouk Aimée. Sortie le 30 mars 2011.

 

Après le Césarisé Il y a longtemps que je t’aime, Philippe Claudel livre sa deuxième réalisation sobrement intitulée Tous les soleils. Aucune intempérie à prévoir ?

 

Note : 3/5

 

Il y a trois ans, Philippe Claudel était auréolé du César de la meilleure première œuvre pour Il y a longtemps que je t’aime, qui avait également permis à Elsa Zylberstein de rafler la statuette de la meilleure actrice dans un second rôle. C’est donc logiquement que Tous les soleils est attendu au tournant, donnant l’occasion au réalisateur de passer un vrai test pour sa seconde réalisation après un certain succès critique et publique (pour rappel, Il y a longtemps que je t’aime avait quand même attiré un million de spectateurs en salles). Et pour ce deuxième film, on peut parler de changement dans la continuité pour le metteur en scène. En effet, sur une forme différente, bien plus lumineuse que son précédent métrage, il traite en fond de la même chose, à savoir d’un personnage qui ne parvient pas à se séparer de son passé, celui-ci le hantant jusqu’à l’empêcher de vivre une vie « normale ». C’est le cas d’Alessandro, père célibataire d’une fille de 15 ans et qui abrite chez lui son frère, « réfugié politique » italien qui ne veut plus retourner dans son pays tant que Berlusconi est à sa tête. N’arrivant pas à faire le deuil du décès de sa femme, il ne vit que pour les autres, en tentant d’être un bon père, un bon frère, un bon ami et même un bon citoyen en oeuvrant pour des œuvres de bienfaisance. Jusqu’à oublier de s’occuper de lui-même…

 

Stefano Accorsi et Clotilde Courau dans Tous les soleils

 

Si l’histoire peut sembler un peu plombante, le résultat à l’écran n’en est rien puisque Philippe Claudel opte pour une comédie dans la veine transalpine (le fait que les protagonistes soient des italiens aident à cette impression il faut dire), sortant parfois de gros sabots mais ne cédant jamais à un quelconque cynisme, la bonne humeur ambiante emportant le morceau. Comme pour son précédent film, il se trouve parfois à la limite du sentimentalisme bon marché mais parvient à retomber sur ses pattes grâce à une énergie débordante et un casting sympathique. En tête, on retrouve  un Stefano Accorsi sobre formant avec le personnage impeccablement campé par Anouk Aimée, un duo sensible,  ciment de ce film sur lequel viennent se greffer quelques belles charpentes comme Lisa Cipriani et Neri Marcoré (la fille et le frère). D’une portée politique aussi amusante qu’inoffensive, Tous les soleils ne lésine pas sur les situations cocasses amusantes et dresse au final le portrait plutôt réussi d’un homme tentant de se débrouiller avec ce que la vie lui a laissé. Le réalisateur en profite au passage pour mettre en valeur Strasbourg et ses paisibles quais tout en permettant à Clotilde Courau de faire une apparition remarquée.

 

 

Comédie mouvementée dans la veine transalpine, Tous les soleils flirte parfois avec le sentimentalisme primaire mais dresse le beau portrait d’un homme essayant de se détacher de son passé.


Cyril Perraudat