Critique : Trance

 

Un film de Danny Boyle. Avec James McAvoy, Rosario Dawson, Vincent Cassel. Sortie depuis le 8 mai 2013.

 

Le réalisateur de 127 heures vous propose une virée dans un labyrinthe mental bourré de surprises. Vos paupières ne risquent pas d’être lourdes !

 

Note : 4/5

 

Hasard du calendrier : cette semaine sortent deux films consacrés à cette technique ancestrale qu’est l’hypnose. Alors que L’Hypnotiseur nous entraine en pleine Suède, Trance, lui, pose ses guêtres de l’autre coté de la Manche là où les gangsters font la loi avec leurs poings. Ainsi, le nouveau film de Danny Boyle suite le parcours tortueux de Simon (James McAvoy), commissaire priseur, désireux de retrouver la mémoire suite à un vol de tableau qui a mal tourné. Il faut dire que le monsieur à tout intérêt à se souvenir : instigateur du braquage, il s’est entouré de comparses peu affables. Acculé, il va avoir recours à l’hypnose par l’intermédiaire d’une séduisante hypno thérapeute (Rosario Dawson). Alors qu’il aurait pu facilement nous perdre dans des méandres psychanalytiques totalement superflues, Trance décide de jouer la carte de la sobriété en déroulant petit à petit le fil d’une mémoire en berne. Le film évite ainsi l’écueil de beaucoup de ses ainés soucieux de jouer aux petits malins à grands renforts de séquences oniriques superflues avec twist couillon à la clé. Oui, de l’onirisme Trance en est truffé et un twist est prévu en fin de course mais l’un comme l’autre sont au service du récit et non l’inverse. Comprendre par là que si le métrage se fait fort de nous balader dans des dédales mémorielles c’est pour mieux étudier avec brio le rapport entre mémoire et imaginaire, souvenirs et subjectivité.

 

© Pathé distribution
© Pathé distribution

 

Sous des dehors bordéliques, Trance réussit le tour de force de ne jamais perdre ou lasser le public. Au contraire, il l’embarque pied et poings liés dans une odyssée où le voyage prime sur sa finalité. Les tenants et aboutissants importent peu ici tant l’étude de caractères se révèle fascinant. Sans autres artifices que son récit et ses personnages, le film parvient à surprendre, nous amener sur des sentiers qu’on ne soupçonnait pas. Mieux encore, il suscite une réelle empathie dans sa propension à ne pas prendre le public pour un couillon. Old school tout en gardant un cachet moderne via notamment une B.O. très réussie (une constante dans la filmographie de Boyle), Trance a ce petit coté 70’s qui le rend immédiatement sympathique. Certes, les détracteurs argueront le montage syncopé, la sur esthétisation et autres tics inhérents aux films de Danny Boyle mais force est de reconnaître que le cinéaste a su juguler ses velléités branchouilles pour accoucher d’un vrai film pop ramenant plus d’une fois au cinéma de Kubrick…. Toutes proportions gardées évidemment. De polar psychanalytique aux relents d’Inception british, Trance se mut petit à petit en virée allégorique de plus en plus intime. A l’image de la psyché de son personnage principal, le film de Danny Boyle contient une multitude de strates se déroulant au fur et à mesure. On reprochera au film d’en faire néanmoins un chouïa trop lors d’un vrai/faux retournement de situation final aussi attendu qu’émouvant mais un poil chargé en révélations superflues.

 

Etonnant, Trance est au polar ce qu’Eternal Sunshine of the Spotless Mind est à la romance : une vraie belle surprise qui prend aux tripes là où son ainé invoque le cœur.

 

 



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