Un film de Brigitte Roüan. Avec Nicole Garcia, Eric Caravaca, Patrick Mille. Sortie le 6 février 2013.
Brigitte Rouan explore les troubles oedipien sous le ciel de la Grèce. Mamma mia ?
Note : 2/5
L’escapade familiale s’annonçait réjouissante dans le cadre estivale d’une Grèce aux allures idylliques. Jo, accompagnée de ses fils se rend dans le joli pays dans le but d’organiser un festival et de rassembler les siens autour de sa cause. Crise oblige, le festival est en péril et la petite famille, repliée sur elle même, se voit rapidement bousculée par une avalanche d’évènements pittoresques, mettant en lumière les liens persistants entre Jo, la matrone, et ses quatre garçons tant adorés. Brigitte Roüan nous présente avec Tu honoreras ta mère et ta mère , une épopée naviguant dans les frasques et les tourments de l’amour fusionnel et donc explosif d’une mère envers ses fils. Par ce biais, elle aborde ici le sujet délicat du sentiment d’abandon, questionnant le spectateur sur ses propres rapports à la famille. Jo, incarnée par une Nicole Garcia flamboyante, impose avec brio un trait d’union entre les différents personnages de la tribu. En mère charnelle, omniprésente et débordant d’amour pour ces garçons, elle rend éclat et mérite aux femmes qui par nécessité, ou par oublie d’elle même, se sont mises au placard par amour. Amour exclusif des enfants. Mais que devient-on quand les moineaux quittent le nid? D’une mère à l’autre, la sagesse de l’âge est ici incarnée par la malicieuse Emmanuelle Riva.

Effacée mais observatrice, mamie Granny nous questionne sur la mise à distance de nos aïeuls dans le cercle familiale, mais aussi dans notre société contemporaine. Les belles filles ( parfois clichés ), faisant face à ce duo, nous laissent finalement penser à un jeu de miroir sans fin. Au delà des personnalités bien affirmées, la vie de toutes ses femmes, allant de l’enfance à la maturité, nous laisse présager un cheminement immuable, presque fataliste, ne pouvant laisser insensible. Les fils ( Eric Caravaca, Patrick Mille, Michaël Abiteboul, Gaspard Ulliel ), sont devenus pour la plupart père à leur tour et semblent dans le besoin permanent d’en référer à la mère nourricière. Brigitte Roüan passe en revue ses différents caractères pour nous convaincre de leur singularité, bien qu’englués dans la Fratrie. Cependant, de personnages en personnages, on passe peu à peu, à coté de l’essentiel. Car si on est convaincu par le propos du film, on ne l’est pas du tout, mais alors, pas du tout, du choix de la réalisatrice de l’avoir exploré à travers ce registre comique, souvent relevé par ces garçons, coincés entre le monde de l’enfance et la vie qu’il tente de s’inventer. De ce film, où tout est dit ou presque dans le titre, on retiendra l’hommage de la réalisatrice à la féminité et au don de soi. On reste frustré que des thèmes associés ne soient pas davantage explorés, se perdant dans un ton nauséabond et dans le superflu des mauvaises blagues. Dommage que l’alchimie ne soit pas au rendez vous de l’expérience.
Si la famille a pour but de mettre en place un petit théâtre en terre d’ Œdipe, Béatrice Roüan nous rappelle que la tragédie grecque se place du coté d’une vie dont nous sommes autant les acteurs que les metteurs en scène.