Un film de Roger Michell. Avec Bill Murray, Laura Linney, Samuel West. Sortie le 27 février 2013.
Quand un roi coincé et de bonne éducation rencontre un président grivois et plus préoccupé par ses coucheries que par la politique ça donne un week-end pas si royal que ça !
NOTE 2/5
Les premières images donnent un ton particulier au film avec des cadrages et une lumière faisant penser aux tableaux de certains maîtres flamands ou d’oeuvres classiques de Nicolas Poussin et Claude Lorrain. Tout ce raffinement et cette élégance visuels sont malheureusement gâchés par une scène suggérée de masturbation dans une voiture entre le vieux et pervers président Roosevelt et sa lointaine cousine. Dommage car cette scène bien maladroite et sans intérêt salit à la fois l’image de ce président courageux et l’un des plus appréciés aux Etats-Unis et le travail esthétique des premières minutes. La rencontre entre le Roi et la Reine d’Angleterre et le couple présidentiel est bien plus intéressante et parfois cocasse quand on pense au papier peint de la chambre des Anglais qui ridiculisent leurs ancêtres ou bien au dîner au cours duquel les serveuses ne manquent pas de tout flanquer par terre. Ce sont deux mondes qui s’opposent, celui policé et tiré à quatre épingles des Européens face au plus spontané et décontracté esprit américain. Qui d’autres que des Américains oseraient inviter des souverains britanniques à un pique-nique « officiel » avec des hot-dogs en plat principal ? Shocking ! Malgré leur histoire commune et leur proximité, on se rend compte que les Américains se moquent des Anglais et qu’ils se sont totalement émancipés de leurs ancêtres. C’est le Roi anglais qui vient demander du soutien au président américain, ce dernier très paternaliste avec le jeune monarque bègue.

Les deux comédiens qui incarnent George VI et sa femme (Samuel West et Olivia Colman) sont pour beaucoup dans la réussite de cette partie centrale du film. Samuel West n’a rien à envier à Colin Firth mais il souffrira toutefois de la comparaison avec la performance de son compatriote oscarisé pour le même rôle en 2011 dans Le Discours d’un Roi. Le casting est d’ailleurs la grande force du film, la mise en scène et l’esthétique des premières minutes ne gardant pas la même cadence par la suite. Roger Michel, pourtant habitué des coups de foudre, n’approfondit pas assez ses deux sujets et nous voilà donc avec deux films en un ou quand la petite histoire ne rencontre pas la grande Histoire. La relation entre Roosevelt et ses femmes (l’officielle et les maîtresses) passe au second plan et devient accessoire. On ne voit pas trop le rapport entre la visite des monarques et les amours de Roosevelt si ce n’est de montrer que le président américain avait d’autres préoccupations que la guerre et pendant que l’Europe s’apprêtait à affronter le Mal, Roosevelt pensait d’abord à se faire du bien.
Pas vraiment raté mais pas franchement réussi non plus, Week End Royal n’a pas un sujet suffisamment fort pour passionner les foules. Un week-end somme tout assez anecdotique.