Critique : World Invasion : Battle Los Angeles

 

Un film de Jonathan Liebesman. Avec Aaron Eckhart, Michele Rodriguez, Ne-Yo. Sortie le 16 mars 2011.

 

Des aliens belliqueux se font buter le cul par une bande de Marines sur les dents. Et sinon ?

Note : 2/5

 

Depuis le réjouissant District 9, le film d’invasion extra terrestre a la côte, pris entre bisseries à la connerie assumée (Skyline) et grosses baudruches prétentieuses (Monsters). Loin de détonner, World Invasion : Battle Los Angeles,  rejoint la longue liste des projets surbuzzés capitalisant à mort sur une réputation trop prématurément acquise. Au programme : invasion explosive, civils en larmes et caméra parkinsonienne. Rien de nouveau sous le soleil californien à la différence près que Jonathan Liebesman (Massacre à la tronçonneuse : le commencement) a préféré coller aux Rangers de Marines surentrainés plutôt qu’à celles de gentils citoyens totalement largués. Une optique intéressante laissant présager un joli mix entre La Guerre des Mondes et La Chute du Faucon Noir. Malheureusement, le cinéaste a oublié en route un facteur déterminant pourtant bien présent chez ses référents : l’humain.

 

 

Bridget Moynahan dans World Invasion : Battle Los Angeles de Jonathan Liebesman

 

Si la brève phase d’exposition,  aux  faux airs de Friday Night Lights, fait rapidement illusion, elle demeure trop superficielle et tient davantage du « passage obligé » avant le grand défouraillage. Liebesman n’est pas Peter Berg et peine à allier action et caractérisation suffisamment poussée des personnages. La démarche d’offrir un FPS grandeur nature flattant plus les valeurs des Marines (honneur, loyauté et bisous à la famille !) que les soldats eux mêmes a beau être louable, elle se révèle vite à double tranchant. En effet, à moins de faire soi même parti des forces armées ou de verser sa petite larme tous les 14 juillet, difficile d’être raccord avec Aaron Eckhart et sa bande de trouffions. A trop  se focaliser sur l’abstrait, le cinéaste oublie totalement d’impliquer son public et se contente de jouer le jeu de la démonstration. Deux heures durant, World Invasion ne lâche pas son morceau et enchaine les scènes d’action de manière très linéaire,voire presque froide.  Ici, les attaques se suivent et se ressemblent au point que chaque séquence annule l’autre de manière très redondante. Un clou que l’insupportable musique enfonce durablement au point de faire passer la B.O. de Transformers pour du Tchaikovski ! Et le spectateur de s’ennuyer poliment  tel un gamin qui regarderait ses petits camarades jouer à la guerre sans pouvoir participer.

 

Aaron Eckhart dans World Invasion : Battle Los Angeles de Jonathan Liebesman

 

Paradoxalement, c’est peut être ce coté extrêmement trivial qui permettra au film de trouver son public. Ici, pas de fioritures : Aaron Eckhart, excellent en sergent meurtri, serre bien les dents tandis que Michele Rodriguez continue d’être aussi sensuelle qu’un camionneur bourré un soir de réveillon. Oui pour ceux qui en douteraient World Invasion : Battle Los Angeles est avant tout une ode à la virilité gradée et couillue, de celles qui vous fait bouffer trois poulets (vivants) et trente pancakes avant d’aller saluer le drapeau.  Pas d’anti américanisme ici, le patriotisme latent du film étant le moindre de ses défauts, voire l’une de ses plus grandes qualités. Aussi rébarbatif qu’il soit, difficile d’enlever à World Invasion : Battle Los Angeles son sens du spectacle, car si les explosions ne provoquent aucune espèce d’émotions, elles ont au moins le mérite de ponctuer un film bien plat !

 

Uniforme et lisse comme une poêle toute neuve, World Invasion : Battle Los Angeles ne révolutionnera pas le genre mais aurait grandement mérité un fil narratif un tant soi peu plus tenu. Dommage.