Critique : World War Z

 

Un film de Marc Forster. Avec Brad Pitt, Mireille Enos, James Badge Dale. Sortie le 3 juillet 2013.

 

Brad Pitt s’en va bouter les zombies hors du globe dans un jeu de pistes en demi teintes.

 

 

Note : 2,5/5

 

 

Fruit d’un development hell particulièrement douloureux (changement de scénaristes, reshoot en pagaille, sortie décalée de sept mois), World War Z arrive enfin dans les salles obscures précédé de toute l’appréhension et l’anticipation que peut susciter un projet de si grande ampleur. Adapté du livre éponyme de Max Brooks (fiston du grand Mel), World War Z examine à la loupe les répercussions d’un virus à l’échelle mondiale. Sauf que là où la structure du livre matriciel reposait sur la multiplicité des points de vue, celle du film de Marc Forster préfère adopte celui de Gerry (Brad Pitt), ancien enquêteur des Nations Unies, engagé dans une folle course à travers le globe pour trouver un antidote au fameux virus. Une situation d’autant plus urgente que la pandémie se fait de plus en plus importante, transformant les gens en simili zombies. Sous genre surexploité de la série B, le film d’infectés prend avec World War Z des airs de méga blockbuster de classe A. Budget faramineux (200 millions de dollars environ), tête d’affiche ultra bankable… WWZ avait tout pour être au mieux un blockbuster d’une grande classe, au pire l’un des plus fascinants accidents industriels de l’année. Au terme de deux heures de métrage, le bilan est mitigé… Mais pas désespéré puisque dès son ouverture, ce premier volet d’une trilogie (la mise en chantier du second opus vient tout juste d’être confirmée cette semaine) annonce d’emblée des ambitions sacrément élevées pour une intrigue au final très anodine.

 

© Paramount Pictures
© Paramount Pictures

 

Nimbant dans une ambiance fin du monde des plus anxiogène, la première partie donne le ton d’un film qui ne cessera d’être porté par une espèce de désespoir pas toujours bien exploité. Ménageant suspense et respiration salutaire, elle exploite habilement les codes du genre sans jamais en faire trop. Dès lors qu’il reste centré sur des enjeux très humains, WWZ se révèle fort galvanisant surtout quand il colle aux basques de Gerry et sa famille. A travers leur fuite perpétuelle, c’est toute l’affliction d’une société en pleine déliquescence qui nous est donné à voir. Lorgnant vers La Guerre des Mondes dans ses instants les plus oppressants (la séquence du supermarché proprement tétanisante), le film est traversé par une tension palpable qui redescendra crescendo jusqu’au final bâclé. Ainsi, une fois notre héros d’infortune affligé de sa mission, le film de Marc Forster perd peu à peu de son intérêt pour se limiter à la simple exploitation de son postulat : la course à travers le globe. Un jeu de pistes qui aurait pu se révéler grisant mais auquel il manque l’essentiel : le sentiment d’urgence. Passé une impressionnante escale à Jérusalem, le long métrage s’installe dans une forme de routine très prévisible qui rend le voyage d’autant plus lassant. Très fonctionnelle, la quête de Gerry se déroule de manière ultra balisée, un indice en amenant à un autre jusqu’à un dénouement final bâclé. Dommage car tous les ingrédients étaient réunis pour en faire une passionnante dissection géopolitique de notre monde à l’aune d’une catastrophe d’ordre global. Il en résulte un blockbuster efficace, fort bien réalisé (facilement le meilleur Forster depuis bien longtemps) mais bien trop policée et pas assez viscéral pour accrocher le spectateur jusqu’au bout. Reste que dans le genre divertissement zombiesque, WWZ se situe clairement dans le haut du panier même s’il n’arrive pas à la cheville de 28 jours plus tard et sa suite.

 

Loin de la catastrophe industrielle tant redoutée, WWZ est un blockbuster fort bien exécuté mais manquant singulièrement de chair.  Dommage mais pas si répréhensible que ça.

 

 




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