A l’occasion de la sortie sur nos écrans mercredi prochain de La Colère des Titans, zoom non exhaustif sur l’utilisation du mythe en salles obscures ! Première partie d’un dossier… Titanesque !
« La mythologie est souvent considérée comme étant la religion “des autres” alors que la religion peut être définie comme étant de la mythologie mal interprétée. » (Joseph Campbell) (cf. le site web L’Encyclopédie du Cinéma Fantastique de Gilles Penso)
De L’Odyssée à O’Brother
« Celui qui aime les mythes est, en quelque manière, philosophe, car le mythe est fait de merveilles. »
Aristote, Métaphysique
Comme récemment Matrix l’a fait eu égard à L’allégorie de la caverne de Platon, le cinéma n’a eu de fait que figurer les grands mythes fondateurs de nos sociétés contemporaines. Réalisation de soi, dépassement devant les obstacles ou résurrections, autant de thématiques toujours d’actualité. En effet, nos réalisateurs réinventent ces grands récits d’antan et, à leur manière, font rêver les masses. Tout comme la plupart des récits, il est aisé de retrouver une forme d’universalité dans ces diverses illustrations de tragiques destins. Une manière de se réinventer, de se questionner quant à l’origine du monde ou au sens de la vie sous les oripeaux des sirènes hollywoodiennes. Ainsi peut-on non seulement retrouver dans quelques textes mythologiques grecs certains schèmes de nos théories scientifiques (le Big Bang) que les créatures les plus délirantes propres à nous divertir.

Récupérés par Rome, ces histoires fantastiques tomberont par la suite dans le folklore jusqu’ à rejaillir aujourd’hui sous les visages de la psychanalyse ou des comics. On s’enorgueillira toutefois de certains moments de bravoure, dont l’apogée se fera par le biais des frères Coen et leur relecture décalée de L’Odyssée, avec le jouissif O’Brother et ses sirènes d’un type singulier… Mais foin d’interrogations métaphysiques, ou historiques quant à la véracité de l’origine du péplum, tranchons dans le vif avec certains de ses plus illustres représentants.
L’avènement des héros
La dernière bataille pour le pouvoir met en scène des hommes contre des rois et des rois contre des dieux. Mais la guerre entre les dieux eux-mêmes peut détruire le monde. Né d’un dieu mais élevé comme un homme, Persée ne peut sauver sa famille des griffes de Hadès, dieu vengeur du monde des Enfers. N’ayant plus rien à perdre, Persée se porte volontaire pour conduire une mission dangereuse et porter un coup fatal à Hadès avant que celui-ci ne s’empare du pouvoir de Zeus et fasse régner l’enfer sur terre.
Créatures, dieux et récits fantastiques, voilà le berceau de notre « Entertainment » quotidien. Mais au delà de ces fondations qui participèrent à bâtir jadis de formidables cités, quid de l’origine de nos aventuriers cinématographiques ? L’un d’eux résonne immédiatement à nos oreilles : Persée. Que ce soit dans la relecture récente de Louis Leterrier (Le Choc des Titans) en avril 2010 et son budget de 125 millions de dollars ou dans le mythique film de juillet 1981 réalisé par Desmond Davis, le fils de Zeus reste pour nous l’incarnation même de la bravoure. Créé par Hésiode dans La Théogonie puis repris par Ovide, celui qui parvint à tuer Méduse demeure aux yeux de tous, LE demi-dieu définitif.

Souvent , Hollywood se permit certaines libertés avec la « réalité » épistolaire du mythe. Nous excuserons donc le Persée version Leterrier qui arrache tout sur son passage alors que celui-ci a surement exécuté la créature démoniaque dans son sommeil, ou de Pégase, cheval ailé dompté par notre ami aventurier et en réalité : né de la mort de Méduse ! Inutile alors d’évoquer le Kraken, originalement issu des légendes médiévales scandinaves…
Avant lui, Hercule (Héraclès) fit également office de poule aux œufs d’or pour Hollywood et ses nombreuses déclinaisons. De Disney à une oubliable série télé, d’Hercule contre les mercenaires d’Umberto Lenzi à Ulysse contre Hercule en 1962, d’innombrables dérivés mercantiles du colosse firent les beaux jours des salles obscures. On lui préfèrera tout de même le plus intéressant et quasi invincible Achille, apparu dans L’Iliade d’Homère et magnifié notamment par Brad Pitt dans Troie de Wolfgang Petersen.

Au delà donc de la liberté utilisant les patronymes de ces diverses légendes, de nombreux longs métrages s’inspirèrent plus ou moins frontalement de ce vivier intarissable de récits incroyables.
This is… Hollywood !
Alors que le film de Desmond Davis magnifiait son propos grâce à la magie des effets spéciaux de Ray Harryhausen, d’autres tours de forces plus proches de nous n’ont pas à rougir de leur prédécesseur. 300 de Zack Snyder est l’un d’entre eux, revisitant avec une violence graphique unique, la bataille des Thermopyles opposant les spartiates à l’imposante armée Perse. Sanglante, cette brillante adaptation du comic éponyme de Frank Miller imprime pour longtemps la rétine.

Plus anecdotique voir mercantile mais de bonne facture pour les bouts de choux, Percy Jackson et le voleur de foudre demeure une bonne adaptation des écrits du même nom. Une jolie initiation en somme.
Suite et fin du dossier (avec pleins de surprises à l’intérieur) très prochainement