Jour 5 : Le vent se lève !
C’est au terme de quatre journées ensoleillées que la grisaille a commencé à faire son apparition à Strasbourg… et pas seulement dans le ciel ! Car non ce n’est pas parce que le temps commençait à faire la gueule qu’on pouvait s’attendre à en faire de même en sortant du bien nommé Victimes ! Premier film aux accents très franco français, le « long métrage » de Robin Entreinger oppose un psychiatre à son inquiétant nouveau patient. Inquiétant car ce dernier lui avoue ne pas être du genre sociable et nourrir une fascination certaine pour la torture. Il faut dire que le gaillard est plus enclin à suivre de jolies donzelles et mater des snuff movie qu’à s’éclater à la fête de l’Huma ! Un sujet extrêmement classique traité ici avec une platitude déconcertante. Aussi approximatif en termes de mise en scène (les valeurs de plan se réduisant grosso modo à du champ/contre champs) que de jeu d’acteur, Victimes ferait presque passer un épisode de Plus belle la vie pour du Michael Mann ! Oui, bon ok on est très méchant sur ce coup là mais il faut bien avouer qu’aussi modeste soit il, le résultat fait furieusement penser à un film de fin d’études… ou comment étirer inutilement ce qui aurait pu être un efficace court métrage ! Pour se remettre de nos émotions, rendez vous fut ensuite pris avec les lycanthropes du rigolo Lobos de Arga, comédie fantastique espagnole dans laquelle un écrivain un peu loser sur les bords va devoir faire face à un loup garou dans le village de son enfance. Drôle et efficace, Lobos… est l’archétype du divertissement du samedi soir aussi futile que plaisant ! Plus tard dans l’après midi, les spectateurs sont allés se heurter au Mur invisible que certains décrivent déjà comme un mix entre La Quatrième Dimension et un épisode de La Clinique de la Foret Noire. On y suit l’errance d’une femme prise au piège par un mystérieux mur transparent l’empêchant de sortir de chez elle. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le film a divisé : une partie des festivaliers louant l’aspect dépouillé du métrage tandis que l’autre n’a pas caché son profond ennui.

Présenté dans la section Crossovers, Jack & Diane aura davantage crée l’unanimité. Romance gay, le film raconte l’histoire d’amour entre deux jeunes adolescentes marquées par la vie. Lancinante, poétique, cette mignonne parenthèse enchantée tourne un peu en rond mais ne manque pas de charme grâce à une excellente bande originale et la présence de la fascinante Juno Temple (Killer Joe) dans le rôle de Diane. A voir ! Le soir, les fans de Kubrick étaient à la fête avec tout d’abord le documentaire Room 237 qui aura suscité beaucoup de colère par sa propension à livrer les interprétations les plus abracadabrantes sur Shining sans faire preuve d’aucun recul ! Heureusement pour eux, le chef d’oeuvre du grand Stanley était projeté par la suite dans des conditions optimales, comme ultime récompense après un courroux à priori amplement compréhensible.
Jour 6 : Un programme monstre !
Nos amis anglo saxons étaient à l’honneur ce jeudi à Strasbourg. En effet, l’action du premier film projeté pour la presse, Grabbers, prend place dans une petite ile d’Irlande. Dans ce monster movie très (a)typique, de vilaines bébêtes atterrissent sur notre belle Terre avec la ferme intention de bouffer du pêcheur irlandais. A l’image de l’énergique Attack the block avec lequel il entretient plus d’une tentacule crochue, Grabbers allie efficacement humour et S.F. Tout en se voyant gratifié d’une galerie de portraits pour le moins croustillants. Une bonne petite série B qui vous fera aimer encore davantage votre pinte de Guinness !

Moins accessible, le cryptique Resolution nous embarque dans l’Amérique profonde où un homme a décidé d’utiliser la manière forte pour désintoxiquer son junkie de meilleur pote. Mais à mesure que les jours passent, les deux amis reçoivent moult indices leur montrant qu’une force mystérieuse les surveille. Production indépendante modeste mais inventive, Resolution a l’intelligence de ne jamais surligner ses références pour mieux créer une ambiance et une intrigue qui lui sont propre. Il en résulte un vrai/faux méta film cryptique mais fascinant doublé d’une belle histoire d’amitié. Sans aucun doute l’un des moments forts du festival ! A l’instar de Grabbers, Storage 24 est un film de monstres so british dont la particularité est d’ici jouer la carte du huis clos en enfermant une bande d’amis dans un hangar habité par un alien peu commode. Efficace et classique, Storage 24 ne réserve aucune surprises mais a le mérité de faire passer le temps et de bénéficier d’une intéressante galerie de personnages. Plaisant. Passé un diner loin d’être frugal, direction la face cachée de la lune où se sont planqués les nazis du rigolo Iron Sky. Parodie SF méritant amplement son buzz, cette fantaisie mélangeant space opera et nazisploitation en a suffisamment dans le coffre pour faire passer au cinéphile déviant un agréable moment où les zygomatiques sont souvent mis à contribution. A voir en groupe, l’expérience solo pouvant se révéler naturellement moins drôle !
Tableau de notes mortel
Victimes : 1/5
Lobos de Arga : 3/5
Jack & Diane : 3/5
Grabbers : 3,5/5
Resolution : 4/5
Storage 24 : 3/5
Iron Sky : 3,5/5