FEFFS 2013 : Jours 3&4

 
Journal de bord du capitaine Ilan Ferry, après deux premiers jours riches en surprise, le temps s’écoule presque tranquillement à Strasbourg. Mais je crains que ce ne soit que le calme avant une tempête sacrément gratinée. NOM DE ZEUS !!!

 

Jour 3 : Mes nuits sont plus belles que vos jours
 
A Strasbourg, dormir plus de six heures en temps de festival relève du pari impossible. Il faut dire qu’entre les séances de minuit, les derniers derniers verres avant une traversée d’une demi-heure sous la pluie et les projos à 9h du matin, il y a de quoi avoir mal même si on est matinal. Surtout lorsque, dans le cas présent, c’est pour voir Proxy. Ok c’est bien joli le name droping mais concrètement c’est quoi Proxy ? Rien de moins que la bande indé du moment réalisée dans le seul but de choquer le WASP de base tout en le confortant dans ses possibles relents homophobes. Car dans l’Amérique de Proxy, nos amies les lesbiennes sont au choix des psychopathes infanticides ou des camionneuses promptes à donner des leçons de virilité aux plus stéroïdés des bodybuilder. On y suit les tribulations d’Esther, femme taiseuse venue chercher du réconfort, suite à l’agression dont elle a été victime et qui a coûté la vie à l’enfant qu’elle attendait. Sauf que les apparences sont trompeuses. Bourré d’autant d’invraisemblances que de clichés, Proxy peine à dissimuler derrière son côté provoc’ un discours ultra réactionnaire. Putassier et ennuyeux, il distille un ennui poli avant de s’enliser dans une seconde partie caricaturale et à la morale très douteuse. Sur un sujet quasi similaire, le surprenant Grace de Paul Sollet s’était révélé autrement plus subtil. En effet, la journée commençait mal. Quelques heures plus tard et au terme d’une très longue bataille contre une connexion internet très fluctuante et au débit indigne d’un 56k, il était temps de découvrir ce qui se cachait dans les 7 Boxes. Assez pêchu et très humble, ce thriller bourré d’autant d’énergie que de bonnes intentions, pourrait être vu comme une version paraguayenne de Premium Rush qui aurait troqué les vélos contre des brouettes. Rien de révolutionnaire en soi mais l’énergie et la bonne humeur du film se sont vite révélées communicatives. Alors que le soleil commence doucement à se coucher, on se dit que là les hostilités ne font que commencer avec encore deux autres films à voir pour une sortie de salle prévue sur les coups de deux heures du matin. Sauf qu’il y a des jours comme ça où les événements prennent un tour inattendue en particulier pour les soirées strasbourgeoises qui, durant le festival, ne se déroulent jamais tout à fait comme prévu. Ce fut le cas dimanche soir où le dîner entre collègues s’est eternisé avant de jouer les prolongations dans une certaine académie faisant la promotion de boissons à base d’houblons. Tout ça pour vous dire qu’on aurait bien aimé vous parler du tortueux Upstream Color ou du gindhouse Frankenstein’s Army mais comme dirait l’autre :  app… a pu ! Que signifie donc ce jeu de mots sibyllin ? La réponse plus bas.

 

 

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Jour 4 : Approximations et autres complications !
 
Youpi c’est lundi, la semaine démarre charriant avec elle ses belles promesses cinématographiques. Smartphones et slasher font-ils bon ménage ? En voilà une question qu’elle est bonne, la réponse aurait pu être donnée à neuf heures du matin mais pour le simple plaisir de goûter aux joies du cinéma transmedia aux côtés d’un public technophile et non d’une poignée de journalistes mal réveillés, on a du faire l’impasse sur la projo presse d’App qui sera rattrapé quelques heures plus tard lors de l’avant-première publique. Pour l’heure et parce que tout lundi devrait démarrer par un bon gros Z, il est temps de se frotter à Big Ass Spider. Monster movie au budget n’excédant pas trois menus best of et un sundae, le film de Mike Mendez est un pur plaisir coupable, une série Z dopée au second degré et ayant l’extrême intelligence de s’assumer comme tel en dépit d’une séquence d’intro un poil trop sérieuse. Se débrouillant plutôt bien sans pote J.J. Abrams, Greg Grunberg (Heroes) est assez convaincant en Bruce Campbell du pauvre. C’est moche, con comme la lune et certainement pas destiné à sortir en salles mais la décomplexion de l’ensemble provoque une sympathie quasi immédiate. Bref, un bon pendant fauché à Arack Attack. Deuxième rendez-vous manqué avec Upstream Color qui fait cette fois les frais de la fameuse connexion 56k rendant toute velléité de mettre un article en ligne quasi impossible (et on vous parle pas du téléchargement d’images !) mais le téléphone est lui prêt à se prendre un bon coup d’App dans la face. Ca y est l’application est téléchargée, le public est à bloc et lance le logiciel comme d’autres mettraient leurs lunettes 3D. Une heure vingt plus tard que reste-t-il de cette tentative néerlandaise d’expérience transmédia ? Pas grand-chose on a envie de dire tant la dite application ne sert pas à grand-chose si ce n’est à diffuser des bribes d’informations qui apparaitront quelques instants plus tard sur grand écran. Pur prétexte à obliger les gens à regarder leur téléphones portables, l’intrigue ne semble avoir été écrite qu’en fonction de la dite application et non l’inverse. N’existant que pour et par son gimmick, App fait partie de ce genre d’expériences ratées plus occupées à faire fonctionner un dispositif qu’à créer un lien avec le public. Pour l’interaction, on repassera ! Dommage car l’idée était excellente et la perspective de suivre une intrigue au travers de différents supports et de manière simultanée pourrait faire des petits pour peu qu’elle soit utilisée de manière beaucoup plus ludique. Quelque peu dépitée, la fine équipe de journalistes venue se prêter au jeu, finit par se diriger vers le restaurant le plus proche avant de terminer la nuit par un concours improvisé de jeu de mots autour du mot App. Déjà deux heures du matin, il est temps de longuement marcher vers notre logement avant de gravir  cinq étages à pieds. C’est dure la vie de festivalier !

 
Tableau de notes mortel
Proxy : 1,5/5
7 Boxes : 3,5/5
Big Ass Spider : 3/5
App : 2/5