FEFFS 2013 : Jours 5&6

 

Lentement mais surement, le FEFFS touche à sa fin. Si l’heure n’est pas encore au bilan, certaines tendances viennent à se dessiner. Mais le festival n’a pas encore dévoilé toutes ses cartes.
Jour 5 : Mort un mardi de pluie


On ne va pas vous le cacher : en dépit d’un temps merdique, mardi 17 septembre a été une plutôt bonne journée pour les festivaliers. Bonne car elle a démarré tout en douceur avec le pudique The Returned. Film d’infectés anti spectaculaire et principalement centré sur son couple vedette, ce troisième long métrage de l’espagnol Manuel Carballo se situe dans un monde en proie à une épidémie virale transformant les gens en zombies. Fort heureusement, un traitement a été trouvé, contenant le virus à défaut de l’éliminer à condition d’être administré très tôt et quotidiennement. Tout irait pour le mieux dans le pire des mondes si le dit traitement n’arrivait à épuisement, plongeant ainsi dans l’embarras une scientifique (la jolie Emily Hampshire) dont le mari a été contaminé. Voilà pour le contexte de The Returned qui tient davantage du drame intimiste que du pur zombie flick. Une approche intéressante qui n’est pas sans rappeler l’excellent Mutants ainsi que la série inédite britannique In the Flesh dans laquelle des zombies sont guéris avant d’être réinsérés dans une société qui le rejette. Dans le cas de ce dernier on peut même carrément parler de jumelage tant les ressemblances sont flagrantes. Si l’ensemble n’exploite pas toujours bien son concept, il n’en demeure pas moins intéressant dans son analyse des relations humaines en temps de crise. Certes, les zombies et l’hémoglobine brillent par leur absence mais le film parvient à toucher sans en faire trop. On lui reprochera toutefois une trop grosse propension à retenir ses coups au profit de son couple vedette. Deux petites heures plus tard, changement radical de registre avec Bad Milo dont nous vous parlions déjà dans notre critique. Décomplexé, fun et totalement con, cette rigolote parabole sur la parentalité à parfaitement sa place en vidéo club grâce notamment à son personnage titre, créature aussi attachante que vorace au look totalement improbable. La suite du programme n’a pas détonné avec le très étrange Santo vs l’invasion des martiens, vieux nanar mexicain repompant allégrement Le jour où la Terre s’arrêta en mode Ed Wood. Totalement improbable donc forcément recommandable. La nuit s’est terminé en beauté avec l’anthologie V/H/S/ 2 qui aura su conquérir les réfractaires au premier opus. Quand on vous disait que c’était une belle journée !

 

Magnet Pictures
Magnet Pictures

 

Jour 6 : Le charme discret de la bourgeoisie


Mercredi fut une morne journée : d’abord parce qu’elle a marqué le départ de notre collègue d’EcranLarge, mister Simon Riaux, à l’origine de bon nombre de fous rires et autres discussions philosophiques, mais aussi niveau projections puisque l’auteur de ses lignes n’aura vu en tout et pour tout qu’UN seul film ce jour-là. Mais pourquoi ? Hasard de la programmation ? Reflux gastriques ? Flemme aigue ?  Un peu de tout mais là n’est pas la question ! Quid alors du fameux métrage unique visionnée ? Il s’agissait du très attendu Kiss of the Damned réalisé par Xan Cassavetes, fille de vous savez qui. Démarrant plutôt bien via une séquence d’ouverture rappelant le meilleur du cinéma fantastique européen des 70’s que ce soit dans son ambiance ouatée ou dans la typo très old school de son titre, KOD s’enlise très rapidement dans la pub Dior avec suppléments de vampires. En gros : imaginez un opus de Twilight réalisé par Sofia Coppola (le coté pop et la pertinence du propos en moins) et vous aurez une petite idée des ambitions de cette série B pour petits bourgeois. Visiblement fascinée par ses personnages, Xan Cassavetes recycle tous les clichés inhérents au mythe vampirique sans jamais prendre de recul. Le film se centre sur les turpitudes de Djuna, femme vampire broyant du noir dans son immense manoir jusqu’à sa rencontre avec le barbu Paolo dont elle s’éprend quasi immédiatement. Rapidement, Djuma intègre son amant au sein de la haute société vampirique où les shots de sang synthétique remplacent les Ferrero Rocher. Un bonheur qui sera rapidement éclipsée par la sœur de Djuma dont le mépris pour les humains et le mode de vie dissolu pourraient bien représenter une menace. Insupportablement romantique et faussement baroque, KOD est l’archétype même du film « bourgeois »  qui se complait dans une imagerie convoquant les pires stéréotypes du genre. En dépit du charme de la très belle Josephine De la Baume, KOD n’est rien d’autre qu’une pub Kooples déguisée ( à quand l’affiche «Djuma et Paolo en koople depuis 500 ans» ?). L’archétype même du film chic et toc qu’on jurerait écrit par une ado obnubilée par l’image du vampire comme romantique absolu. Un coté surannée qui aurait pu donner un supplément de charme à l’ensemble s’il ne s’enlisait pas dans une morale douteuse confrontant vampires raffinés et humains beauf. Aussi hautain que superficiel, KOD toise son public avec le mépris (l’aveuglement ?) de la bourgeoisie enfermée dans sa tour d’ivoire !

 

Tableau de notes

The Returned : 3/5
Bad Milo : 3,5/5
Santo vs l’invasion des martiens : ?
Kiss of the Damned : 1,5/5