C’est la dernière ligne droite et déjà un vent de mélancolie semble souffler sur Strasbourg. Alors que ce matin sera diffusé le dernier film de la sélection : Kill List, le reste de la journée sera consacré aux interviews des équipes de Livide et Le Petit Poucet. Allez savoir pourquoi, ça sentait déjà l’épreuve épique. Prêt ? C’est parti !
Le silence de Marina
A y est : ce sera officiellement la dernière fois que la poignée de journalistes matinaux et/ou dingues ayant pointé tous les matins à neuf heures pétantes se réunit pour trembler dans le noir. L’objet du requiem se nomme ici Kill List. Objet étrange entre polar social et thriller surnaturel, le film de Ben Weatkins ne convainc pas totalement mais n’est pas dénué de qualités. Centré sur le parcours chaotique d’un ancien militaire reconverti en tueur à gages rempilant pour un ultime contrat auprès de son meilleur pote, le film enquille les éléments cryptiques. Entièrement porté par un personnage principal dont les fêlures et la rage intérieure ne sont pas rappeler le réussi Route Irish de Ken Loach, Kill List met un peu de temps à démarrer avant de nous embarquer dans une quête singulière à la troublante conclusion. Une bonne surprise pour peu que la vague de films invoquant The Wicker Man ne vous défrise pas.

Passé un déjeuner aussi long que copieux au bien nommé restaurant A la hache (namedroping à caractère non publicitaire je précise !) vient l’heure tant redoutée des interviews. Pourquoi redoutée ? Outre la relative pénurie de questions inspirée par Le Petit Poucet ce sont les multiples retards qui laissent entrevoir un joyeux bordel. Surprise : une fois arrivée à l’hôtel de l’Europe, épicentre de toutes les rencontres équipes de films/journalistes, on constate très rapidement que l’anarchie ambiante est formidablement gérée par les attachées de presse. Cerise sur le gâteau : la possibilité d’interviewer les jeunes mais néanmoins acteurs de Livide le temps que le flux intensif se tasse un peu. Il en résulte un bon quart d’heure en compagnie de Cholé Coulloud et Félix Moati etla jeune Chloé Marcq relevant davantage de la discussion à micro ouvert que de l’interview basique. Les moments forts, coups durs et coups de coeur du tournage ont ainsi été évoqués avec une justesse désarmante. Et alors que l’ambiance se fait de plus en plus détendue, on me fait signe qu’il est temps d’interviewer Marina de Van et son frère Adrien, respectivement réalisatrice et acteur du Petit Poucet. La chaleur humaine des quinze précédentes minutes précédente laisse place à une froideur extrême alors que Marina de Van me salue de manière nonchalante et complètement détachée. Ca commence bien !

Il s’ensuit un entretien totalement ubuesque où le profond manque d’implication de la cinéaste se traduit à grands renforts de réponses lapidaires. On aura quand même appris entre deux silences très gênés qu’aucun élément de son film (hormis les cailloux) n’est dans le conte. Ah bon ? L’abandon des enfants, l’ogre, ses bottes de sept lieues, ça y était pas ? Ah ben mince alors, où est ce que j’ai déjà vu ça alors ? N’assumant jamais le fait que son Petit Poucet est une oeuvre de commande pour Arte, la cinéaste laisse suggérer que son (télé)film est pro végétarien et condamne la consommation de viande. Ok… Pour le reste il aura fallu se contenter de semi réponses monosyllabiques. Plus à l’aise, Adrien de Van essaye tant que faire se peut de détendre l’atmosphère. Dommage car si son Petit Poucet demeure très impersonnelle malgré certaines fulgurances suscitent toutefois une certaine curiosité. Voilà peut être de quoi (re)lancer le débat. Peine perdue. Marina de Van n’a pas envie de jouer le jeu de la promotion et ne se gêne pas pour le montrer. Ok, le message est passé. Merci !

A contrario, Alexandre Bustillo co réalisateur de Livide s’est montré beaucoup plus loquace et passionné. Les vingt minutes d’entretien sont passées comme une lettre à la poste alors que le réalisateur a évoqué avec humilité les enjeux et les défis représentés par Livide. Jamais protectionniste envers son film, il témoigne surtout d’une réelle joie de voir ce projet enfin concrétiser. Seul gros grain de sable : une bruyante pelleté de touristes investit tout juste l’hôtel alors que commence l’interview. Vive le timing ! Plus de détails très prochainement. Du chaos émerge toujours quelque chose tel pourrait être le leitmotiv de cette journée mouvementée mais néanmoins très instructive !