Festival du film fantastique de Strasbourg 2011 : jour 5

 

Pour cette cinquième journée placée sous le signe du chauvinisme (ou presque), Strasbourg s’est mise à l’heure du cocorico avec en compétition deux œuvres du terroir aux antipodes l’une de l’autre. De quoi enfiler son béret et acheter sa baguette de pain tout en chant du Charles Trenet…. ou du NTM !

 

France – Allemagne : match retour !

Après cinq jours a explorer Strasbourg en long, en large et en travers, plus besoin d’égrainer des cailloux ou des miettes de pain pour retrouver son chemin. Ce qui nous amène tout naturellement à la première projection du matin, j’ai nommé Le Petit Poucet de Marina De Van. Déjà remarquée avec les controversés mais néanmoins intéressants Dans ma peau et Ne te retourne pas, la cinéaste nous offre ici un film totalement opaque aux antipodes de son cinéma sous influences cronenbergienne. Adaptation trop littérale et impersonnelle, Le Petit Poucet se contente d’illustrer de manière très unilatérale le célèbre conte de Charles Perrault. Très premier degré, le film ne prend aucune distance avec son sujet et ne semble jamais irrigué de la personnalité très atypique de la réalisatrice. Comme si celle-ci s’était totalement effacé pour livrer un produit sans réelle saveur malgré une séquence onirique diablement autre. Ni bonne, ni mauvaise cette transposition formatée pour sa future diffusion sur Arte (puisque c’est ce qui est prévu), laisse complètement neutre si bien qu’on en vient à se demander ce qui a bien pu motiver De Van dans ce projet. A l’inverse, Livide (cf.critique) est une vraie proposition de cinéma, pétrie de défauts mais aux intentions des plus nobles. Alexandre Bustillo et Julien Maury nous embarque dans une histoire de maison hantée ambitieuse qui gagne en technicité ce qu’il perd en émotions. Pas grave, la matinée aura commencé en mode encéphalogramme plat pour mieux se terminer sur une note autrement plus excitante.

 

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L’après midi il était temps de quitter la France pour partir à la conquête de l’Allemagne et de ses krimis, adaptations des romans d’ Edgar Wallace dont nous vous parlions déjà ici. Et on commence fort avec Im banne des unheimlichen (traduction en option), objet pop dans lequel un mystérieux personnage déguisé en squelette tue l’entourage d’un noble récemment décédé. Plus cinéma de papa que polar décadent, Im banne… amuse par son coté whodunit et fait preuve d’un charme suranné. Deux heures plus tard, c’est le culte Mais qu’avez vous fait à Solange ? (Cosa avete fatto a Solange) que l’on découvre dans une copie délavée et aux sous titres dilettants. Plus giallo dans son approche, le film se montre assez sage dans les mises à mort mais fait peser une ambiance sourde et malsaine. Pas de quoi hurler au feel bad movie tant il se dégage de l’ensemble une mélancolie très italienne personnifiée par la discrète musique d’Ennio Morricone et le regard de Fabio Testi. Au final deux films se situant à un moment charnière dans l’histoire du krimi qui vivaient là ses derniers balbutiements donnant naissance à un nouveau genre, le giallo, bien connu pour ses multiples symboliques et son esthétisme exacerbé. Une fois ce petit tour d’Europe terminé, place à un repos bien mérité. Demain est un autre jour avec, à la clé, une ultime séance de film en compétition et deux interviews surprises. Viva Strasbourg !