Festival du film fantastique de Strasbourg : jour 4

 

Quatrième jour et la motivation toujours au top ! Il faut dire qu’avec quatre films et une interview au programme il y a tout intérêt à être en forme. Au programme : de la romance, du suspense, du rire et… des morts vivants ! La journée s’annonce mouvementée.

 

Twilight séquestré chez les morts vivants en mode vénère

Et on commence en douceur avec Hideaways. Nouveau film de la cinéaste Agnès Merlet (Dorothy), Hideaways est une jolie romance ado entre une jeune cancéreuse et un mystérieux garçon frappé d’une terrible malédiction. Et alors que le film aurait pu très facilement tomber dans le pathos, Merlet préfère y insuffler un joli souffle lyrique qui n’est pas sans rappeler – toutes proportions gardées- la poésie d’Edward aux mains d’argent tout en invoquant le cinéma de Neil Jordan. Mignon tout plein et porté par un couple vedette extrêmement attachant, Hideaways est un beau conte qui aurait toutefois gagné à être un peu plus développé et moins guimauve. Reste une très belle alternative à la saga Twilight qui saura ravir les jeunes filles en manque de romances fantastiques. Beaucoup plus anxiogène, Secuestrados de Miguel Angel Vivas plonge le spectateur en plein cauchemar alors qu’il assiste impuissant à la prise d’otages d’une famille par trois brigands particulièrement violents. Entièrement tourné en plans séquences, ce huis clos prend aux tripes et ne nous lâche que très rarement. Et si l’exercice n’est pas toujours réussi, l’effet demeure implacable comme en témoignent deux judicieuses utilisation du split screen. Qu’il morcèle sa narration ou nous enferme au contraire au coeur de l’action, le cinéaste parvient à faire monter la sauce et crée de très forts moments de tension jusqu’au final peut être trop nihiliste. A défaut d’être une véritable claque (la faute à un coté « film de petit malin trop appuyé), Secuestrados a au moins le mérite de provoquer quelques petites montées d’adrénaline.

 

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Après un tel stress, il est temps de faire redescendre la pression avant l’événement de la journée : l’interview du « petit qui deviendra grand » Lucky McKee. Les questions sont prêtes, l’enthousiasme à son paroxysme et la prise de contact avec le cinéaste sympathique quand tout d’un coup, alors que la première question s’apprête à être posé, le dictaphone affiche un « battery low » de très mauvaise augure, et là c’est le drame voire même la loose intégrale ! Des piles qui lâchent et tout s’écroule, voilà bien le genre d’imprévu (le dictaphone avait été checké avant quand même) qui vous fait douter de tout et surtout de votre capacité à gérer une interview correctement. O rage, O désespoir… heureusement Lucky est cool et switchera avec d’autres journalistes le temps de réparer ce petit problème technique. Quelques interviews plus tard, Lucky et moi reprenons là où nous nous sommes arrêtés. C’est son dernier entretien, celui qui cloturera une série de huit où tout ou presque à déjà été dit. Et alors que le réalisateur aurait pu afficher une lassitude somme toute légitime, il fait, au contraire, preuve d’une belle énergie et réponds avec passion aux quelques questions posées. Il en résulte vingt minutes passionnantes où le cinéaste évoquera ses relations avec Jack Ketchum, Angela Bettis et l’aspect cathartique de The Woman. Malheureusement, il aura fallu faire l’impasse sur la projection de la comédie horrifique Deadheads, pas grave, le sacrifice valait largement le coup.

 

Peu avant minuit, la nuit se cloturera sur une note vintage avec La Nuit des morts vivants présenté par Romero himself et en 35mm s’il vous plait. Toujours aussi dense et intelligent, le classique matriciel de Romero décuple son impact sur grand écran et nous replonge avec délice dans une époque aux craintes encore très actuelles. Dommage que l’expérience ait été quelque peu entaché par la présence d’un public (relativement jeune) découvrant le film pour la première fois et s’esclaffant au moindre effet « désuet ». C’est sûr qu’un film de genre politiquement et socialement responsable ça change des déviances à la Saw. Petits cons !