Interview : Renny Harlin (Etat de Guerre) – Partie 2

 

Interviewer Renny Harlin, c’est un peu comme s’entretenir avec un vétéran : on jubile à l’idée d’évoquer certains états de service mais on préfère faire l’impasse sur d’autres histoire d’éviter le trauma. Suite et fin de notre entretien avec un réalisateur qui n’a pas peur de partir au front !

 

(Alerte Spoilers) Revenons un peu sur votre carrière en général, j’ai remarqué que vous aimiez particulièrement tuer vos stars aux débuts de vos films qu’il s’agisse de Samuel L. Jackson dans Peur Bleue ou Christian Slater dans Profession Profiler…
Je n’y avais jamais pensé à vrai dire que ce soit pour Peur Bleue ou Profession Profiler. J’aime choisir mes acteurs de façon à pouvoir surprendre le public. De manière générale, j’aime prendre des visages connus de manière à ce que le public se sente à l’aise, «sécurisé » car il connaît l’acteur et pense que rien ne pourra lui arriver et soudain le retirer de cette zone de confort. Dans Etat de Guerre par exemple, prendre une star pour incarner le personnage principal aurait quelque peu désamorcé tout le suspens. (Fin Spoilers).

 

Si je vous dis que certains m’ont avoué que comparé au récent Shark Night, Peur Bleue fait office de « Citizen Kane » du film de requins, vous en pensez quoi ?
(Rires), c’est drôle que vous disiez ça car justement ma copine est une véritable activiste quand il s’agit de requins. Elle fait partie d’une association qui défend les requins, elle a passé pas mal de temps avec eux et m’en a parlé. Je sais que si je refaisais un film de requins ce serait avant tout pour prendre leur parti. Mais merci pour le compliment ce sera intéressant de  voir comment Shark Night s’en sort.

 

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Lors d’une interview vous avez dit qu’Hollywood semblait avoir oublié votre numéro de téléphone. Qu’est ce qui vous fait dire ça ?
Hollywood est une usine à films et dans laquelle les acteurs comme les réalisateurs peuvent être facilement catégorisés. Quand vous faites un film qui rapporte un peu d’argent, c’est bon pour le business qu’il soit artistiquement bon ou pas, ce qui vous permet de continuer du moment que vous êtes financièrement viable. Quand j’ai connu quelques échecs après les succès que j’ai réalisé, les gens ont commencé à se dire que j’étais peut être pas si bon que ça dans la catégorie où on m’a rangé. J’ai du alors me « réinventer » et chercher d’autres genres de films et d’autres moyens de les financer. D’un coté c’est vraiment satisfaisant de pouvoir s’essayer à d’autres choses, d’un autre coté on ne peut s’empêcher de ressentir des regrets quand on voit les gros films produits par Hollywood car on sait qu’on aurait pu les réaliser aussi.

 

Que pensez vous de la nouvelle génération de réalisateurs de films d’actions : Justin Lin, Peter Berg, Jon Favreau…?
J’espère sincèrement qu’Hollywood se remettra à faire des films d’action qui ne sont pas juste des adaptations de comics. Trop de films racontent la même chose. J’aime aussi les histoires plus classiques comme ce qu’on voyait dans les années  70 ou 80. Hollywood a tendance à sous-estimer le public et penser que celui-ci ne veut pas de films plus originaux parce qu’il est bête. L’abus d’effets spéciaux joue aussi beaucoup si bien qu’aujourd’hui les images de synthèses ont quasiment remplacés les acteurs. Les studios jouent tellement sur la surenchère que ça en devient de moins en crédible. J’espère qu’une bonne histoire redeviendra aussi importante dans un film que son aspect spectaculaire.

 

On parle beaucoup en ce moment d’une suite d’Au Revoir, à jamais. Rumeur ou pas ?
Ce n’est pas une rumeur, j’envisage sérieusement de réaliser une suite qui serait écrite par Ben Watkins, l’un des producteurs et scénaristes de la série Burn Notice dont je viens de réaliser un épisode. Ben est un grand fan d’Au revoir, à jamais et je dois le voir dans quelques jours pour parler de la marche à suivre pour cette suite. Samuel L. Jackson est déjà partant pour en faire partie.

 

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Ce sera votre prochain film ?
Non, j’ai un autre projet avant.

 

Y a t il une ou des séries dont vous aimeriez réaliser des épisodes ?
J’adorerais bosser sur The Walking Dead, il y en a plein d’autres. Travailler sur une série est très différent du cinéma, on fait le plein d’adrénaline, c’est très intéressant.

 

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Il y a quelques années on a vu l’apparition de la série Masters of Horror, que penseriez vous d’un spin off intitulé Masters of Action ?
C’est une idée géniale, si on m’appelait pour en faire partie je n’hésiterais pas une seule seconde !

 

 

 

Merci à Nikki Stanghetti,  MiriamRaccah de Entertainement One, Lison Muh-Salaun de Dark Star et bien sûr un grand merci à Renny Harlin pour sa disponibilité