PIFFF 2013 : critique Les Sorcières de Zuggararmurdi

 

Un film d’Alex de la Iglesia . Avec Hugo Silva, Carolina Bang, Carmen Maura. En salles le 08 janvier 2014.

 

Le réalisateur du Crime Farpait nous parle à sa manière de la guerre des sexes par le prisme d’une comédie fantastique aussi noire que drôle. Olé !

 

Note : 3,5/5

 

 

Après le cathartique Balada Triste et la parenthèse Un jour de chance, Alex De la Iglesia revient à ses premiers amours avec Les Sorcières de Zugarramurdi. Plus en forme que jamais, le réalisateur trublion conte l’histoire de deux braqueurs du dimanche qui, suite à un casse mouvementé, se retrouvent nez à nez avec des sorcières peu avenantes.  Dès le générique de début (toujours aussi stylisé et recherché) et la tonitruante scène d’ouverture, le ton est donné : la ballade s’annonce drôle et endiablée. Ca y est : le Alex De la Iglesia, celui qu’on a toujours aimé depuis Le Jour de la bête, est bel et bien de retour. Finies les chemins de traverse et retour à la casa !   L’occasion pour le cinéaste de renouer avec un humour style «  Orangina rouge » aussi méchamment drôle que féroce. Libéré d’un certain sacerdoce qui semblait le peser, le cinéaste n’a toutefois rien perdu de sa hargne et décortique à sa manière les relations homme/femme dans ce qui pourrait s’apparenter à une forme de renaissance cinéphilique où le sale gosse d’Action mutante aurait fusionné avec le poète triste et en colère de la Balada Triste pour se muer en adulte conscient de ses forces mais aussi de ses faiblesses.

 

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Car si le cinéaste signe ici un retour aux fondamentaux plus que salutaire, il semble aussi avoir paré son discours d’une forme de maturité jusqu’ici souvent dilué derrière une forme très « guerilla ». Ici, le cinéaste prend pour « cible » les femmes – ou du moins une représentation assez extrême de l’image qu’on peut s’en faire – et en fait les réceptacles d’un certain mal être sociétal qui prend sa source dans la tristement célèbre guerre des sexes. Cynique De la Iglesia ? Plutôt adepte du poil à gratter et donc forcément recommandable.  Au fond, l’utilisation de la sorcière, image hautement féminine, sert davantage ici à jouer le jeu de la provoc et jeter un regard diablement sévère sur une société qui, à trop vouloir verser dans le politiquement correct, finit par se consumer totalement. Le regard du cinéaste peut paraître sévère mais il demeure le même depuis le début. La femme, cette figure qui fascine autant qu’elle peut susciter le rejet de par cette emprise qu’elle a sur les hommes, est au cœur de la filmographie de De la Iglesia qui n’a cessé de déclarer pour elle dusse t il lui faire revêtir les apparats les plus terribles. Les femmes auront toujours l’ascendant sur l’homme et c’est cette « vérité » que le cinéaste nous invite à accepter avec humour et malice. Complice et farfelu, son film est un conte sociétal aussi enragé que drôle mais aussi d’une tendresse infinie pour sa galerie de personnages tous plus imparfaits les uns que les autres. Une autre constante du cinéma d’Alex De la Iglesia qui prend ici tout son sens.

 

Un retour aux affaires réjouissant qui devrait ravir les fans du cinéaste surement inquiets de l’avoir perdu dans des recoins plus sombres.

 

 

Witching and Bitching (2013) – Theatrical Trailer par pifff