Un film de James Gunn. Avec Rainn Wilson, Ellen Page, Liv Tyler. Prochainement.
Quand le réalisateur d’Horribilis s’attaque au vigilante movie, ça donne quoi ? Un joyeux bordel aussi violent que touchant.
Note : 3,5/5
Il y a un peu plus d’un an, Kick Ass dynamitait le film de super héros par son ton pop et totalement décalé. Aujourd’hui, Super ambitionne de marcher sur les mêmes traces tout en se démarquant par une approche plus réaliste, à mille lieues des défouraillages pyrotechniques de la bien nommée Hit Girl. Un pari risqué qui prend ici la forme d’un efficace complément au film de Matthew Vaughn. Car si ce dernier faisait souvent fi des lois de la vraisemblance, le film de James Gunn lui, préfère garder les pieds sur Terre, pour mieux dérouler un discours plus prégnant que son modèle car beaucoup plus ancré dans la réalité. Et si on aura tôt fait de les comparer de par leur exploration d’une même thématique, ce sont ces mêmes différences qui en font deux œuvres aussi distinctes que complémentaires, comme si elles faisaient parties intégrantes d’un diptyque sur les dérives de l’autodéfense. James Gunn/Matthew Vughn, même combat ? Aussi étonnant que cela puisse paraître (d’aucuns diront de Super qu’il est plus responsable mais moins fun que Kick-Ass… ou inversement), oui !

Mais là où Super se distingue réellement c’est dans sa peinture de caractères plus névrotiques que fantasques. Dépressif de la première heure aspirant à la normalité, Frank agit autant par amour que par dégout de soi . Paradoxe ultime, c’est en enfilant le costume de « l’éclair cramoisi » qu’il atteindra son idéal. Jamais aussi épanoui que lorsqu’il rend justice avec sa clé anglaise (très tendance pour défoncer les crânes !), cet anti héros aux convictions très christiques répond à un code de conduite très particulier. Essayez un peu de resquiller une file d’attente devant lui pour voir ! L’air de rien, Gunn invente le vigilante prolo à tendance très trash et dresse en filigrane le portrait d’un gentil sociopathe qui s’ignore . Nihiliste, Super l’est assurément avec sa succession de coups violents avec suppléments de sang qui tâche. Pas étonnant que le réalisateur vienne de l’école Troma tant son film est traversé de cet esprit « poil à gratter » où tous les coups sont permis !

Aux cotés de notre vigilante à tendance psychopathe (mention spéciale à Rainn Wilson génial en ayatollahh de la bienséance), Ellen Page fait preuve d’une belle énergie en sidekick très… enthousiaste. Non contente d’être à l’origine de quelques unes des meilleures scènes du film, l’actrice sexualise à mort son personnage au point de faire exploser tous les compteurs. Il suffit de la voir dans son costume très moulant pour tomber immédiatement amoureux et comprendre que cette fille là va faire de sacrés ravages. Du coté des seconds rôles, on retrouve une partie de l’équipe d’Horribilis (dont Nathan Fillion affublé d’une perruque pas possible) ainsi que Liv Tyler et Kevin Bacon. Si la première est toujours aussi charmante -même en junkie – le second se montre carrément jouissif en dealer à coté de la plaque. Enquillant les répliques cultes (« Dieu t’a donné le don de bien cuire les œufs »), il offre une performance en totale adéquation avec l’ambiance de douce folie qui règne. Dommage qu’il soit un peu trop en retrait ! Et si l’ensemble paraît sage au regard de son fort potentiel, c’est pour mieux nous estomaquer avec un final dont le déchainement de violence tranche avec celui de Kick Ass sans toutefois le parasiter ou lui enlever de son impact. On appelle ça un effet de miroir ! Et pour peu qu’on ne prenne pas au premier degré son vrai/faux message selon lequel tout le monde peut devenir un justicier, Super est une agréable série B aussi drôle que jouissive.
A la croisée des chemins entre Batman (sans les thunes) et Charles Bronson (sans la moustache) , Super redonne un gros coup de peps à la figure du justicier. Et ça fait un bien fou !