Strasbourg 2011: Critique The Woman

 

Un film de Lucky McKee. Avec Angela Bettis,Pollyanna McIntosh, Sean Bridgers. INEDIT

 

Lucky McKee vous présente sa nouvelle muse : une femme sauvage qui ne manque pas de mordant ! Vive la parité ?

 

Note : 4/5

Plutot discret ces dernières années, Lucky McKee nous revient en très grande forme avec The Woman. Trois ans après l’inédit Red (à ne pas confondre avec l’actioner de Bruce Willis) , le réalisateur de May signe une nouvelle adaptation du sulfureux Jack Ketchum. Un auteur avec qui le cinéaste semble avoir plus d’un atome crochu, puisqu’il avait déjà produit The Lost, autre transposition des écrits de Ketchum. Vraie/fausse suite de The Offspring d’Andrew van den Houten (producteur de The Woman) dans lequel deux femmes tentaient de sauver leurs enfants des griffes d’une famille de cannibales, The Woman est une adaptation particulière dans le double sens où elle a été écrite à quatre mains McKee et Ketchum et que la sortie du livre a coïncide avec celle du film. Et si certaines subtilités risquent d’échapper à ceux qui n’auront pas vus The Offspring, The Woman contient suffisamment d’éléments inhérents au cinéma de McKee pour interpeller. Un cinéma toujours très féminin dont ce nouvel opus pourrait faire office de quintessence reprenant toutes les thématiques chères au cœur du bien nommé Lucky.

 

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Soit l’histoire d’une femme sauvage découverte et séquestrée par un père de famille prêt à tout sous prétexte de domestication faussement altruiste. Mais comme souvent chez McKee, ce qu’on ne voit pas peut receler de terrifiants secrets. Comme à son habitude, le cinéaste prend son temps pour instaurer un malaise ambiant fait de non dits et de regards lourds. A la différence près qu’ici la violence sourde apparaît dès le début jusqu’à culminer au cours d’un final en forme d’exutoire. Sauf qu’ici, McKee a eu la bonne idée de traverser son film d’un lyrisme inattendu faisant émerger une certaine forme de beauté au travers de l’innommable. Car The Woman n’est pas tant une histoire de soumission que de délivrance. Une fois encore la femme joue un rôle de catalyseur mettant non plus en exergue ses propres frustrations comme ce fut le cas dans May mais celle d’une famille intoxiquée par un père despotique et violent.

 

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Sous le vernis du gore qui tâche, le cinéaste dresse une grande œuvre féministe où l’opposition nature/culture prend la forme d’une guerre des sexes dont l’homme ressort forcément perdant. Un brûlot cinglant qui permet à Ketchum d’égratigner l’american way of life à grands coups de marteau piqueur via des personnages pour la plupart détestables. A l’image de l’anti héros de The Lost, Chris n’envisage ses relations avec les femmes que sur le mode du rapport de force, la violence de ses actes faisant rapidement écho à celle d’une société qui écrase l’individu sous le poids de ses valeurs patriarcales. Un immonde salopard comme on en voit rarement ! Quand l’instinct reprend le dessus sous quelle forme se manifeste t il ? Voilà toute l’intelligence du propos de l’auteur qui en a irrigué une grande partie de ses livres adaptées pour le grand écran.

 

Violent, dérangeant, The Woman est à l’image des œuvres de ses deux géniteurs, témoins pessimistes d’une condition humaine qui se délite.