Critique : The murderer

 

Un film de Hong-jin Na. Avec Jung-Wo Ha, Kim Yun-seok, Jo Seong-Ha. Sortie le 20 juillet 2011.

 

Quand le cinéma coréen montre les crocs, ça donne The Murderer, boule d’énergie sombre et incroyablement dense. Attachez vos ceintures !

 

Note : 4,5/5

 

Deux semaines après J’ai rencontré le Diable, le cinéma coréen se rappelle à notre bon souvenir avec The Murderer. Mais alors que le film de Kim Jee-Woon prête clairement allégeance au Silence des Agneaux, celui de Hong-jin Na lorgnerait plutôt vers une version prolo du Fugitif. Et si la violence teintée de perversité inhérente à la société coréenne est une fois de plus mis en lumière , force est de reconnaître qu’elle se pare ici d’une énergie électrisante encore peu vue jusqu’ici. Filmant l’urgence comme personne, Hong-jin Na marche sur les traces de Paul Greengrass et donne à ce thriller survolté un cachet atypique via une mise en scène tout bonnement ébouriffante. En témoignent notamment deux courses poursuites hallucinantes laissant le spectateur littéralement à bout de souffle. Mené tambour battant, The Murderer ne nous laisse quasiment aucun répit et ne nous ménage que pour mieux nous embarquer corps et âme dans un ride d’une incroyable fluidité. Pas question de faire dans la demi mesure ou le contemplatif, ici le degré de stress se mesure au grès des pérégrinations du pauvre Gu-nam, chauffeur de taxi impliqué malgré lui dans une sombre affaire de meurtre !

 

© Le Pacte

 

Ex serial killer sadique dans The Chaser (dont J’ai rencontré le Diable pourrait être le démarquage moins percutant mais plus tonitruant), Jung-wo Ha incarne à merveille cet  homme poussé par la force des choses à  commettre l’irréparable. Victime d’un système broyant l’individu sous le poids des sacro saintes conventions sociales, il n’aura de cesse de courir pour sa survie. Face à lui, Kim Yun-seok offre une prestation proprement terrifiante en parrain sadique dont l’ultra violence nous renvoie à une certaine réalité peu connue des Occidentaux. Car oui, sous ses dehors de thriller nerveux, The Murderer met en exergue le cas méconnu des «Joseon-Jok », sino-coréens dont une grande partie vit de petits larcins. Polar didactique en perspective ? Ça et tellement plus encore ! Non content de parer sa pelloche d’un fascinant discours géo-sociologique, le film de Hong-jin Na se la joue brulot politique en contant une lutte des classes où prolétariat et capitalisme s’affrontent à grands renforts de coups de machettes dans la tronche. Pas de moralisme, tout y est traité de manière frontale, chacun en prenant volontiers pour son grade ! A ce stade allier action d’une parfaite lisibilité et propos à l’intelligence rare relève du tour de force. Rien que pour ça The Murderer inspire le plus grand des respects. La petite bombe de l’été !