Critique : The Thing

 

Un film de Matthijs van Heijningen. Avec Mary Elisabeth Winstead, Joel Edgerton, Eric Christian Olsen. Sortie le 12 octobre 2011.

 

 

Le chef d’œuvre de Carpenter passe à la moulinette du révisionnisme hollywoodien. De quoi perdre la tête ?

 

Note : 2,5/5

 

Remakes, reboots, auto-remakes… on ne compte plus le nombre de tentatives de remettre au gout du jour les grands classiques d’hier. Le cas The Thing ferait presque état d’exception puisque vendu comme une… préquelle ! Sauf qu’on nous la fait pas à nous, aficionados de la première heure biberonnés aux séances VHS ! Dès les premières images, The Thing version 2011 hume le remake à plein nez au point d’en devenir gênant. La base arctique, les mâles bourrus, le husky… tout cela semble bien familier et ce ne sont pas les quelques justificatifs disséminés ici et là qui vont y changer grand chose.  C’est peut être cela qu’on pourrait reprocher au film de Matthijs van Heijningen : cette propension à ne jamais véritablement assumer sa fonction de remake, comme terrifié par la perspective de s’attirer le courroux des fans de Big John. Sauf qu’à trop jouer cette carte, le film finit par susciter une forme d’agacement.

 

© Universal Pictures

 

Il y a donc deux façons d’analyser The Thing . En tant que fausse préquelle/vrai remake, le film pose en soi la question du bien fondé des remakes actuels qui s’échinent à vouloir tout montrer, tout expliquer. Une approche très gargantuesque dont l’effet pervers est de laisser de coté tout ce qui faisait le charme des œuvres d’origine. L’heure n’est plus à la suggestion mais à la démonstration facile et souvent vaine comme cela a été récemment le cas sur Fright Night. Bis repetita avec The Thing qui prend le parti de montrer sa créature plein pot là où le film de Carpenter préférait ménager ses effets et capitaliser sur une tension croissante explosant lors de transformations toujours aussi impressionnantes aujourd’hui. Et si il demeure plutôt réussi, force est de reconnaître que le freak show orchestré par Van Heijningen nous coupe de toute réelle implication, le spectateur prévoyant avec une bonne marge d’avance ce qui va se dérouler à l’écran. Le summum étant atteint par un final ridicule lorgnant vers Alien vs Predator. Pas de quoi donner franchement envie ! Mais doit on vraiment lui jeter la pierre alors qu’il n’est pas pire qu’un autre remake mais juste symptomatique d’un phénomène très actuel ? La question reste entière. Pour autant The Thing n’est pas aussi honteux qu’on voudrait bien le faire croire. Pour peu que l’on fasse abstraction de sa parenté avec les œuvres de Carpenter et Hawks, cette cuvée 2011 fait office de divertissement correct servi par des effets spéciaux réussis d’où émergent quelques bonnes idées. Pas de quoi crier au chef d’œuvre horrifique mais l’ensemble se suit sans réel déplaisir comme un épisode mineur et gore d’X-Files.

 

Pas aussi honteux que prévu, The Thing aurait gagné a être plus audacieux et moins conforme à un cahier des charges très balisé.