Critique : Le Chat Potté

 

Un film de Chris Miller. Avec les voix originales d’Antonio Banderas, Salma Hayek, Zach Galifianakis. Sortie le 30 novembre 2011.
 
Antonio Banderas joue à chat avec Salma Hayek dans un film d’animation classique mais au fort capital sympathie. Miaou !

 

Note : 3/5

 

En 2004, Shrek 2 démontrait par l’image la très bonne santé de la franchise et sa capacité à se renouveler sans jamais tomber dans la redondance. Entre autres surprises, il nous a permis de faire connaissance avec Le Chat Potté, second rôle formidable au potentiel comique énorme. Doublé par Antonio Banderas en VO (LA bonne idée de casting !), ce voleur de scène professionnel rendait chacune de ses apparitions truculentes à souhait au point de relever quelque peu le niveau des opus 3 et 4. Il était temps que ce félin un peu charmeur, un peu voleur ait droit à son film. Et si l’idée était en soi alléchante, une certaine appréhension était de mise, le spin-off n’étant pas le sous genre le mieux exploité du cinéma. L’autre crainte était de voir Dreamworks surfer paresseusement sur une vague en se reposant uniquement sur le bagout de son personnage. A cela s’ajoute l’arrivée de Chris Miller, réalisateur de Shrek 3 (épisode le plus faible de la saga) derrière la caméra. Autant d’arguments renforçant la peur de se retrouver devant un coup de griffe dans l’eau. Heureusement on retrouve à la production un certain Guillermo Del Toro dont la patte se ressent au travers de l’identité très latine du métrage. Mais ce n’est pas la seule qualité de ce métrage agréable à défaut d’être surprenant, loin de la graine de DTV redoutée. De gimmick, le chat brigand passe au stade de star phagocytant chaque scène de sa désinvolture féline. Accent muy caliente, charme fou et célèbre regard attendrissant…on retrouve toutes les caractéristiques du matou m’as-tu vu étalées sur quatre-vingts dix minutes.

 

© Dreamworks Pictures

 

Et comme tout prequel qui se respecte, Le Chat Potté revient bien entendu sur les origines de son héros titre. Bien loin des périples de l’ogre vert, Le Chat Potté se verrait plus comme un hommage aux films de cape et d’épée. Une filiation accentuée par l’utilisation de toutes les figures imposées du genre (duels à l’épée, courses poursuites à cheval, cascades en tous genres…), notre Chat Potté n’est pas Jean Marais mais il faut bien reconnaitre que les bottes lui vont bien mieux que les collants. Menée tambour battant, la première partie du film parvient à nous embarquer par son savant mélange d’humour et d’aventures auquel vient s’ajouter une pointe d’émotion par l’entremise du duo Humpty/Le Chat Potté. Les acteurs s’amusent comme des petits fous à commencer par Banderas qui joue malicieusement avec son image de latin lover entamant avec Salma Hayek des danses endiablées à souhait mais bien trop sages pour faire souffler un vent de chaleur. Coté antagonistes, Zach Galifianakis (troublant sosie vocal de David Cross) et Billy Bob Thornton ne sont pas en reste, le premier se montrant à la fois touchant et fourbe en frère ennemi tandis que le second use jusqu’à la corde d’un délectable accent du sud. On en vient presque à regretter que son duo  avec Amy Sedaris ne soit pas plus exploité tant leur couple représente l’une des meilleures idées du film. Un cocktail qui marche parfaitement jusqu’à ce que Le Chat Potté se réoriente clairement vers le film pour enfants et marche sur des sentiers très balisés. Pas désagréable en soi mais le souffle épique qui soufflait jusque-là se fait beaucoup plus discret à l’image d’un humour qui abandonne la carte du décalage. Carton rouge aussi pour la 3D qui brille une nouvelle fois par son inutilité. Il en résulte un honnête film d’aventures plutôt bien mené et qui devrait plaire aux petits comme aux grands.
 
 

Entièrement porté par son héros titre, Le Chat Potté passe haut la main l’épreuve du spin off animé. Pas inoubliable mais sympathique.