Critique : Philibert

 

Un film de Sylvain Fusée. Avec Jérémie Renier, Manu Payet, Elodie Navarre. Sortie le 6 avril 2011

 

Les co-scénaristes d’OSS 117 et Brice de Nice s’attaquent au film de cape et d’épées. Nouvelle crise de rires en perspective ?

 

Note : 3,5/5

 

Oyé, Oyé gentes damoiselles et gents damoiseaux : prenez note que le sieur Philibert, capitaine puceau de son état viendra vous conter ses folles aventures dès le 6 avril de l’an de grâce 2011. Enfourchez donc vos destriers et mettez vous plus beaux collants car ça risque de dépoter ! Si cette phrase, maniant avec hardiesse vers d’une douce résonnance et anachronisme de comptoir vous choque, Philibert risque bien de vous faire bondir de votre siège.  Co-écrit par Jean-François Hallin (OSS 117) et Karine Angeli (Brice de Nice), ce premier film réalisé par Sylvain Fusée, l’un des fondateurs de Groland ambitionne de prêter autant allégeance au cinéma d’André Hunebelle (Le Bossu) qu’à celui de Michael Curtiz (Capitaine Blood), le tout nanti de cette gouaille qui avait le succès de la saga OSS 117, nouvelle génération. Sauf que là où les aventures d’Hubert Bonisseur de la Bath tendaient vers un humour plutôt caustique, celles de Philibert lorgneraient plus du coté de Sacré Robin des Bois. Un angle rigolo qui n’empêche pas à ses instigateurs d’être esthétiquement très respectueux de leurs modèles via une direction artistique bluffante d’authenticité. Ce mélange de révérence et de gentille taquinerie est palpable dès les premières images où, derrière une imagerie très marquée, se cachent déjà les prémices de ce qui s’annonce comme une grosse poilade que n’auraient pas reniés les Inconnus et leur Thierry la France.

 

Jérémie renier dans Philibert de Sylvain Fusée

 

Du plus bel effet dans ses collants ultra moulants, Jérémie Renier s’amuse comme un petit fou en héros aussi candide que crétin. Aussi agile qu’Errol Flynn et arborant un sourire ultra bright digne de Jean Marais, l’acteur bondit, multiplie les poses iconiques et autres regards neuneus avec un plaisir communicatif. A ses côtés, Manu Payet se montre plutôt convaincant dans un rôle à la Bourvil. Mais le véritable atout du film n’est autre qu’Alexandre Astier, génial en méchant très fashion au gout prononcé pour le cuir.  Totalement débarrassé de ses tics hérités de Kamelott, Astier brille en « Palpatine moyenâgeux » aussi teigneux que fourbe, transformant chacune de ses apparitions en pépite comique. Car il faut bien reconnaître que Philibert contient ses petits moments d’anthologie entre leitmotiv savoureux (chaque personnage parle à un moment donné de se « reconstruire ») et dialogues génialement non sensiques (« Laissons venir le chat mais déplaçons la souris… maintenant que nous avons le fromage ! ») tandis que les sous entendus crypto gay fusent dans tous les sens.

 

 

Alexandre Astier dans Philibert de Sylvain Fusée

 

 

Dommage toutefois que l’humour ras des pâquerettes prenne souvent le pas sur cet esprit forcément décalé, comme si les auteurs ne voulaient pas de cette ironie mordante qui faisait sel des OSS 117. Pourtant, Philibert semblait être le fruit de cette même démarche consistant à tendre un miroir peu reluisant de la France d’antan (et par extension d’aujourd’hui) par le prisme de ce cinéma désuet mais non dénué de charme. Las, il faudra ici osciller entre gags ubuesques et subversion pas assez assumée. Il en résulte un film mi figue mi raisin qui, à force d’outrance forcée, finit par ne plus trouver sa vitesse de croisière.

 

Faisant mouche plus d’une fois, Philibert hésite trop entre comédie sarcastique et parodie. D’autant plus dommage que la première optique s’avère souvent être la plus drôle.