BRFF – Jours 5 et 6 : Belgrade, Paris, Manhattan, Séoul…et la Belgique

Si les jours 3 et 4 ont été respectivement marqués par la trêve dominicale et la projection du sulfureux The Deep Blue Sea, le reste du programme a pour sa part réservé un nombre non négligeables de surprises. La preuve ci dessous !

 

Jour 5

 

Ce cinquième jour de Festival a commencé pour l’auteur de ces lignes avec un film en compétition. Bien qu’elle prévienne, une fois le film achevé, qu’aucun mineur n’a été engagé dans des pratiques sexuelles pour les besoins du tournage, c’est exactement le contraire que Maja Milos veut nous faire croire durant les 100 minutes tout rond que dure son Klip. Tourné à 80% avec une caméra et à 20% avec l’iPhone de son héroïne, ce film serbe jette un pavé dans la mare des choses que tu as eu l’habitude de voir sur un écran de cinéma. Mais même si cette nudité, ce maquillage vulgaire et cette musique cheap font tout pour plonger le spectateur dans le glauque d’une Serbie post-Kosovo hébétée, il y a néanmoins une certaine poésie qui se dégage de ces plans séquence presque documentaires. Le spectateur en vient alors à ressentir de la tendresse pour ces adolescentes écervelées qui cherchent à se faire aimer par des garçons qu’elles finissent par sucer dans les toilettes du lycée. Prenant même s’il s’essouffle au bout d’une heure, ce film sur les pérégrinations alcoolisées d’une adolescente serbe sera peut-être assez surprenant pour pousser le jury à le primer ce samedi lors de la cérémonie de clôture… Après la Serbie le matin, la France (et aussi un peu New-York) étaient à l’honneur ce mardi soir pour une projection très spéciale.

 

Alice Taglioni et Patrick Bruel dans Paris Manhattan de Sophie Lellouche
© SND

 

C’était au tour du film Paris Manhattan de Sophie Lellouche d’être présenté en avant-première pour ce dixième BRFF, après The Deep Blue Sea de Terence Davies (lundi soir) et To Rome With Love AKA Le-dernier-Woody-Allen, projeté samedi soir lors de la soirée anniversaire du Festival. Et bien qu’il soit tourné dans la capitale italienne, ce dernier a un gros point commun avec le film présenté mardi. Un point commun petit, myope, névrosé, et qui a épousé sa fille adoptive. Un point commun qui réunit Alice Taglioni et Patrick Bruel derrière la caméra de la réalisatrice française, qui signe son premier film. Mardi soir, sur les planches du Studio 4 de Flagey, c’est avec émotion qu’elle a confié au public du BRFF que c’était aussi la première fois qu’elle le présentait. Après le film, c’est aussi à sa première séance de questions-réponses post-projection que Sophie Lellouche a participé, dans une salle restée quasiment comble et des spectateurs qui avaient encore le sourire aux lèvres. Le public a accompagné la projection de ses éclats de rire enthousiastes : chance du débutant ou vraie pépite ciné ? Vous en saurez plus sur Paris Manhattan bientôt ici-même…

 

 

Jour 6

 

Mercredi soir il était de bon ton de mettre sa jolie robe de cocktail noir-jaune-rouge ou son nœud pap façon Di Rupo : le Royaume était célébré au BRFF lors de la soirée de la Fédération Wallonie-Bruxelles. L’occasion pour le public du festival de découvrir Couleur de Peau : Miel, un film qui à peine sorti sur les écrans, a déjà été doublement primé (Prix du Public et le Prix Unicef) au Festival International du Film d’Animation d’Annecy il y a quelques jours de cela. Cette coproduction franco-belge met en images, à partir de la bande dessinée autobiographique du même auteur, le parcours de Jung, un enfant coréen adopté à l’âge de cinq ans par une famille belge. Son créateur, ainsi que son producteur Patrick Quinet étaient tous deux présents pour les traditionnels présentation (pré-film) et question-réponses (post-film), au grand plaisir du public. Ce dernier, après avoir eu autant de mal à contenir son rire que ses larmes durant la projection de ce petit bijou animé, a pu ensuite se remettre de ses émotions autour d’une coupette de champ’ et de quelques amuse-bouches. Par conscience professionnelle, nous sommes restés jusque minuit trente, et nous n’étions pas les seuls devant le bâtiment Flagey à être encore debout : Comme dit le film d’Enrique Urbizu, pas de repos pour les mauvais. (No Rest For The Wicked, en compétition officielle).