Cannes 2012 : Critique Woody Allen – A Documentary

 

Un film de Robert B. Weide. Avec Martin Scorsese, Penélope Cruz, Diane Keaton. Sortie le 30 mai 2012.

 

Réunir tout le gratin hollywoodien pour retracer le parcours cinématographique d’une pointure de la réalisation. Voilà le pari, réussi haut la main par ce condensé d’hommages visuels, de témoignages et d’anecdotes de tournages qui ravira les fans du cinéaste.

 

Note 4/5

 

Alors que la propension à tourner des films biographiques sur des figures emblématiques – à l’instar de J. Edgar, My week with Marilyn et La dame de fer – s’est répandue ces derniers mois, le cinéaste Robert B. Weide, à qui l’ont doit la comédie loufoque Un Anglais à New York, a opté pour le documentaire, en reprenant la Grosse Pomme comme toile de fond. Avec Woody Allen : A Documentary, le réalisateur américain passe en revue la carrière de l’un des metteurs en scène les plus talentueux que le septième art ait jamais comptés. Figure de proue de la comédie de mœurs agrémentée d’humour bien potache sur fond d’analyse psychosociale, Woody Allen s’est surtout imposé comme l’un des plus prolifiques de sa génération, à raison d’un film par an, excusez du peu. Car, comme le rappelle si bien Weide, la carrière du réalisateur a démarré sur les chapeaux de roue. En témoignent les succès de Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe (sans jamais oser le demander), Woody et les robots ou encore Guerre et Amour, premières (d)ébauches d’une longue carrière et dont les recettes amassées surpassent très largement leurs mises de départ. Sans oublier les moins fructueux, mais tout aussi désopilants, Prends l’oseille et tire-toi et Bananas.

 

woody allen : a documentary de Robert Wiede
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Dès les premières séquences de son docu, Weide met en exergue l’univers facétieux du bonhomme en dépoussiérant les scènes marquantes de ses premiers longs-métrages, prémices d’une longue lignée de gags devenus mythiques (le holp-up raté de Prends l’oseille et tire-toi et la brigade homard d’Annie Hall). Mais ce qu’on retient de Woody Allen : A Documentary, c’est surtout son casting clinquant. Car cette chronologie filmographique documentarisée se veut surtout un hommage à travers les témoignages, nombreux, de personnalités ayant côtoyé le cinéaste, toutes plus élogieuses les unes que les autres. Parmi elles, Martin Scorsese, Diane Keaton, Scarlett Johansson, Penélope Cruz, Owen Wilson, Sean Penn et Larry David, pour ne citer qu’eux, et surtout… Woody Allen himself, qui s’offre la tête d’affiche. Au-delà des images d’archives filmées au détour de tournages, il confère au long-métrage une authenticité indéniable en livrant son propre témoignage, arpentant les rues newyorkaises affublé de son bob, jusqu’à son école. L’occasion, au passage, d’aborder son parcours de cancre, lui qui est parvenu à asseoir son statut de génie de la mise en scène. Si elle a surtout vocation à aborder les succès et la vie d’un cinéaste hors-pair, cette rétrospective met également en avant les talents de son réalisateur, qui, avec ce nouvel essai, parvient à pérenniser les œuvres de l’intéressé sans perdre son spectateur sur le parcours. Un parcours de plus de quarante ans qu’il était difficile de retracer dans un long-métrage de moins de deux heures.

 

Coup de projecteur sur la carrière d’un cinéaste des plus talentueux, agrémenté du témoignage de ses pairs, et non des moindres.