Critique : A Dangerous Method

 

Un film de David Cronenberg. Avec Michael Fassbender, Viggo Mortensen, Keira Knightley. Sortie le 21 décembre 2011

 

David Cronenberg s’aventure sur les sentiers de la psychanalyse et embarque Michael Fassbender, Viggo Mortensen et Keira Knightley dans une virée tristement soporifique.

 

Note : 2/5

 

Cinéaste de l’ambivalence et de la mutation, David Cronenberg avait prit tout le monde par surprise avec son nihiliste A History of Violence. Deux ans plus tard, il remettait le couvert avec Les Promesses de l’Ombre asseyant ainsi son penchant pour une certaine idée de la perversité. Le voir ici s’attaquer à la rivalité Freud/Jung avec en toile de fond la liaison que ce dernier entretenait avec l’un de ses patientes avait de quoi étonner. Personnages sexuellement frustrés, liaisons interdites, sado masochisme… à y regarder de plus près A Dangerous Method recèle bien des affinités avec la filmographie du réalisateur de La Mouche. En particulier quand il s’attache à la relation tumultueuse entre Jung et Sabrina Spielrein comme exutoire sexuel du psychanalyste suisse. Tout de suite A Dangerous Method paraît diablement grisant, bien loin du mano a mano psychanalytique et bavard que le postulat laissait augurer. C’est malheureusement le piège dans lequel le film tombe à pieds joints, s’éloignant de plus en plus du trip cronenbergien tant fantasmé. Alors que tous les éléments étaient là pour faire un grand film sur la frustration et le fameux « retour du refoulé » (terme inventé par Freud en personne en personne), le réalisateur préfère disserter plus que de raison sur les différents opposants ses deux stars.

 

 

© Mars Films

 

Installé sur des rails, Cronenberg filme tout cela bien platement dépouillant ainsi chaque enjeu de toute tension psychologique ou sexuelle. Un comble pour un film sur la frustration. En l’état A Dangerous Method s’apparenterait davantage à un épisode de La Clinique de la Forêt Noire dans lequel les deux célèbres psychanalystes se seraient invités pour confronter leurs points de vue entre deux strudel ! Et pourtant, s’il est son fait d’armes le plus mineur, Cronenberg ne signe pas là une immonde purge dénuée de toutes qualités. Certes les idées de mise en scène manquent à l’appel, l’intrigue fait du surplace et l’ensemble est aussi joli qu’une choucroute marinée depuis trois jours, mais il bénéficie d’un trio d’acteurs impeccable parvenant à nous sortir d’une torpeur somme toute légitime. Avec, en tête de gondole, le duo Fassbender/Mortensen dont les talents combinés parviennent à dynamiser un minimum leurs quelques joutes verbales. Et si les dialogues sont parfois pompeux, les regards de Mortensen et les silences de son comparse n’en demeurent pas moins lourds de sens. Last but not least, Keira Knightley offre une prestation extrêmement crédible à la lisière constante entre le cabotinage et l’investissement corps et âmes. Avec une telle réunion de savoirs faire on regrette que Cronenberg ne se soit pas donné la peine de se réveiller un peu plus. Sur un canevas quasi similaire, mieux vaut (re)voir Freud, passions secrètes de John Huston, autrement plus inventif et fascinant.

 

Passionnant sur le fond, A Dangerous Method aurait toutefois gagné a être teinté de cette perversité chère au cœur de Cronenberg. Las, il faudra se contenter ici d’un honnête téléfilm.