Critique : American Pie 4

 

Un film de Jon Hurwitz et Hayden Schlossberg. Avec Jason Biggs, Chris Klein, Sean William Scott. Sortie le 2 mai 2012.


Jim et ses potes reviennent pour une réunion d’anciens bien sage. Ca sent la retraite anticipée !

 

Note : 1,5/5

 

On prend les mêmes et on recommence… enfin pas vraiment mais un peu quand même ! Explications : douze ans après leurs premiers exploits, nos ex puceaux au gout prononcé pour la tarte aux poils, se réunissent certainement galvanisés par une énième reprise de La Place des Grands Hommes de Patrick Bruel. Sauf que comme dirait un certain Snake Plissken : « plus les choses changent plus elles restent les mêmes » et dans le genre American Pie 4 fait office de cas d’école. Si le premier opus signé des frères Weitz était une ode à la lose teen, cette suite se contente de jouer la carte de la copie carbone pour hommes au foyer désespérés ! Au mieux, ce sous genre ressuscité par Very Bad Trip peut donner lieu à de franches réussites comme le film de Todd Phillips, au pire il accouche de produits formatés et opportunistes telle cette énième réunion de potes. On retrouve donc Jim, Stifler, Oz (grand absent depuis le numéro 2) Finch et Kevin accompagnés de leurs dulcinées respectives. Toujours aussi cons et obsédés, nos potos ont ajoutés la frustration à leur palmarès… quand on vous disait que c’était un éternel recommencement ! Mais là où le bat blesse c’est que ce quatrième opus non content de jouer les prolongations se complait littéralement dans le malheur de ses protagonistes. Oui, nos cinq larrons sont malheureux mais ils aiment ça ! Car oui, atteindre l’âge adulte signifie arrêter les conneries, se ranger et remercier le ciel d’avoir mis le holà sur la boisson et les belles donzelles. Un angle d’attaque qui aurait pu se révéler rigolo pour peu que le film ait pris un peu de recul avec son sujet et prolonger son auscultation de la connerie masculine à l’aune de la trentaine !

 

Jason Biggs dans American Pie 4
© Universal Pictures

 

Las, le film se contente ici de recycler paresseusement (et parfois même grossièrement) les ingrédients des précédents opus avec tout ce que cela implique de figures imposées. Les différentes side stories illustrant cette réunion d’anciens sont traitées superficiellement pour mieux être brièvement résolues lors d’un final gentiment bâclé. Il faut dire que le fil tourne principalement autour de Jim et Stifler (le fait que Jason Biggs et Sean William Scott soient producteurs exécutifs n’est que pure coïncidence !), véritables VRP de la saga. Et heureusement que le second vient instiller un peu de bêtise tant l’ensemble étonne par sa pudeur (un seul plan « nichon » sur deux heures de métrage) et son conformisme. Le difficile constat se fait devant la caméra, les acteurs apparaissant ici comme les reflets à peine déformants de leurs personnages : Jason Biggs joue les Woody Allen graveleux, Eddie Kaye Thomas et Thomas Ian Nicholas peinent à exister  et Chris Klein est devenu une caricature à lui tout seul à force de jouer aussi mal. Tous semblent surnager ici avec le vain espoir que ce quatrième film (re)boostera leurs carrières comme l’avait fait le premier il y a douze ans. Peine perdue : hormis quelques rares déviances scabreuses, American Pie 4 prouve par l’image que la saga s’est embourgeoisée et engoncée dans le cynisme le plus complet… Et ce n’est pas le sourire de la toujours craquante Mena Suvari qui y changera grand chose !

 

Si le plaisir de retrouver cette bande de potes reste sincère, on déchante vite devant cet opus recyclant à outrance les ingrédients du film matriciel.