Critique : Amitiés sincères

 

Un film de François Prévôt-Leygonie et Stéphan Archinard. Avec Gérard Lanvin, Jean-Hugues Anglade et Ana Girardot. Sortie le 30 janvier 2013.

 

Les trentenaires ont eu leurs Petits Mouchoirs, les quinquagenaires auront leurs Amitiés Sincères. Jean-Louis ramène tes moules, c’est reparti pour un coup de déprime !

 

 

Note : 2/5

 

Amitiés Sincères est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme, aujourd’hui mise en scène par leurs auteurs. Stéphan Archinard et François Prévôt-Leygonie ont bûché pendant cinq ans pour ne pas tomber dans le piège du théâtre filmé. Pari à moitié réussi. Ils se sont pourtant donné du mal : tourné en pellicule, ce vaudeville s’enorgueillit d’une image cinématographique, hélas vite parasitée par une mise en scène théâtrale. A partir d’un texte comique, ils ont eu la bonne idée d’ajouter une épaisseur dramatique plus télégénique, hélas amoindrit par un goût du  bon mot trop présent qui nuit à toute crédibilité. Le package est là mais la sauce ne prend pas. A défaut d’être entouré d’un trio d’acteurs qui a de la gueule, d’une volonté de laisser respirer le cadre à grands coups de plans séquences, Amitiés Sincères a le cul entre deux chaises. Ce fut et ça reste une pièce de théâtre.

 

© SND
© SND

 

Il ne faut pas pour autant blâmer le travail d’auteur de Stéphan et François, car leurs personnages restent néanmoins sympathiques. Gérard Lanvin dans le rôle du bourru qui a du mal à se remettre en question est attachant, Jean-Hugues Anglade en gauchiste qui se tape la fille de son meilleur ami est attendrissant et Wladimir Yordanoff en introverti rancunier regorge de mimiques hilarantes. Sur papier ça donne envie, mais en image ces trois rôles ne co-existent pas. Aucune alchimie n’opère, un comble pour un film qui traite d’amitié. Autre problème majeur : le rythme. Le film est construit en scénettes bien huilées mais mal enchainées. Trop de fondus tue le fondu, c’est ce qu’on apprend en école de cinéma. Stéphan et François ont beau savoir maîtriser le montage, ils en ont oubliés de créer une unité ; à force de transitions appuyées par une mélodie au piano qui rappelle les intermèdes au théâtre.
 
 

Amitiés Sincères l’est dans sa volonté de tutoyer le cinéma pour sublimer son amour du théâtre. En résulte une adaptation mal ficelée qui donne corps au texte mais appauvrit son image. A trop aimer les personnages, on se fout de l’histoire.