Critique : Beginners

 

Un film de Mike Mills. Avec Ewan McGregor, Mélanie Laurent, Christopher Plummer. Sortie le 15 juin 2011.

 

Ewan McGregor se pose des questions sur la vie, l’amour, la mort. Ennuyeux Beginners ? Bienvenue au pays de l’euphémisme !

 

Note : 2/5

 

En 2006, Mike Mills (a ne pas confondre avec le bassiste de R.E.M) faisait ses premiers pas dans le long avec Age Difficile Obscure, chronique douce amère sur la difficulté de grandir. Cinq ans plus tard, le réalisateur remets plus ou moins le couvert en s’attaquant cette fois au mondes des adultes, de préférence célibataires et dépressifs. On y suit donc les « tribulations » d’Oliver (Ewan McGregor), illustrateur malheureux en amour et en affaires dont le chemin va croiser celui de la troublante Anna (Mélanie Laurent). Et sinon ? Ben pas grand chose, notre héros d’infortune se contentant de trainer son spleen ici et là tout en se posant plein de questions existentielles et vachement importantes. Ah… Vendu à tort comme la nouvelle perle du cinéma indépendant US, Beginners aurait pu se révéler très sympathique s’il n’avait pas hérité de tics agaçants inhérents aux productions indé aimant bien disserter sur la vie, l’amour, les vaches (rayez la mention inutile !). Ayant visiblement révisé son petit « La Nouvelle vague pour les nuls », Mills truffe son film de clins d’œil parfois embarrassant histoire de  balancer sa culture à tour de bras car, il faut bien l’avouer, il n’ y a pas que Michael Bay et Steven Spielberg dans la vie ! Certes mais fallait il pour cela se la jouer précieux et contemplatif en regardant le spectateur de haut sans jamais l’impliquer ? On a de sérieux doutes.

 

© MK2 Diffusion

 

Ce qui est d’autant plus dommage que le film est agrémenté de quelques jolies idées visuelles (le chien philosophe)  qui auraient pu être percutantes si elles n’étaient pas lâchées froidement  dans le seul but de palier un sacré manque d’enjeux. N’est pas Michel Gondry qui veut ! Sur le même canevas, le poétique Garden State avait réussi à parfaitement équilibrer scènes comiques et moments de grâce sans jamais trahir la profonde détresse existentielle de ses personnages. Las, Beginners se prend lui beaucoup trop au sérieux et finit par ennuyer en dépit d’un joli casting. Si la présence de Mélanie Laurent ne sert clairement qu’à marquer une filiation aussi prétentieuse que superficielle avec un certain cinéma d’auteur français, force est de reconnaître que Ewan McGregor se révèle lui assez touchant en illustrateur totalement largué. Mais c’est surtout Christopher Plummer qui tire son épingle du jeu dans la peau d’un vieil homme faisant son coming out. Attendrissant et d’une simplicité désarmante, il insuffle un supplément d’âme au film rendant chacune de ses apparitions d’autant plus touchantes. Calibré pour plaire à un certain pan de la critique européenne, le film de Mike Mills n’assume jamais son coté très superficiel tendance bobo new-yorkais bavard et préfère rester prisonnier du giron « Nouvelle Vague ».

 

Plus ennuyeux que vraiment mauvais, Beginners est un vrai /faux film d’auteur qui aurait gagné à être moins figé et plus léger.