Critique : Captain America

 

Un film de Joe Johnston. Avec Chris Evans, Hugo Weaving, Hayley Atwell. Sortie le 17 aout 2011.

 

Le plus patriotique des héros américains se refait une petite santé sur grand écran. Cure de jouvence ou crise cardiaque ?

 

Note : 3,5/5

 

Si je vous dis Captain America, vous pensez automatiquement : bannière étoilée, patriotisme exacerbée et costume bleu à faire pâlir de jalousie le grand Schtroumpf ! Et vous n’auriez pas complètement tort. Joe Johnston, lui, a une autre vision du porte drapeau génétiquement modifié et le prouve au terme de deux heures de métrage placées sous le signe de l’aventure old school tendance campy ! Déjà pauvrement adapté dans les années 70 et 90 (rappelez-vous la version nanarde d’Albert « Cyborg » Pyun), le héros 100% US reprend des couleurs sous le haut patronat d’une Marvel bien décidée à (re)dorer le blason de ses icônes phares. Exit donc les accoutrements moules bites ridicules portés par des acteurs au charisme proche du néant, le Captain cuvée 2011 prône un heureux retour aux sources… du moins dans la forme !Car si l’on dénote ici une réelle naïveté dans le propos, force est de reconnaitre que celle-ci est largement en retrait par rapport au matériau d’origine, condensé de chauvinisme ricain totalement désuet aujourd’hui.

 

© Paramount Pictures

 

Intronisé spécialiste ès séries B rétro depuis Rocketeer, Joe Johnston ancre intelligemment son récit dans les années 40, insufflant ici et là quelques touches de modernité bienvenues tout en restant d’une fidélité absolue à l’époque qu’il dépeint. Jamais vieillot, le film de Johnson évite sciemment les relents de naphtaline grâce à une  superbe direction artistique et l’épique musique d’Alan Silvestri. Cet équilibre entre tradition et contemporanéité participe énormément au charme du film qui capitalise à mort sur son ambiance old school pour séduire les amateurs de spectacle à l’ancienne. Cependant, ne vous y trompez pas : Captain America a beau jouer à fond le jeu du retour au cinéma de grand père, il fait preuve d’une distanciation certaine avec son sujet, en particulier lorsqu’il montre notre héros devenir un objet de propagande. Récit d’aventure au sens noble du terme, Captain America multiplie les clins d’œil aux Aventuriers de l’Arche Perdue et La Dernière Croisade  non sans opérer de bonnes grosses bifurcations vers le film de guerre et d’espionnage. Un peu comme si les X-Men s’étaient incrustés dans un épisode de Band of Brothers à la sauce Douze Salopards!

 

© Paramount Pictures

 

Ne pas croire toutefois que le bon Captain est irréprochable, loin s’en faut. A l’instar de nombre de ses collègues super héroïques, Captain America pâtit d’une phase d’exposition un peu longuette. Pas une mauvaise chose en soi d’autant qu’elle permet au réalisateur de se focaliser davantage sur Steve Rogers, mais qui a malheureusement pour effet un dosage pas toujours très adroit des scènes d’actions. D’où une certaine frustration au regard de morceaux de bravoures, certes très bien exécutés mais survenant de manière trop disparates, comme si Johnson se bridait, trop frileux à l’idée de voir le symbole (Captain America) prendre le pas sur l’homme (Steve Rogers). Dans le rôle titre, petit bonhomme chétif plus mu par un sentiment de justice que par toutes velléités nationalistes, Chris Evans se montre autrement plus convaincant et touchant qu’en torche humaine, instillant une réelle humanité à un personnage peu intéressant de prime abord. Face à lui, Hugo Weaving démontre une fois n’est pas coutume, qu’il n’a pas son pareil pour jouer les onctueux salopards, et se fond à merveille dans la peau d’un bad guy très cartoonesque mais néanmoins terrifiant. Enfin, impossible de faire l’impasse sur la sublime Hayley Atwell, touche de charme et de force dans ce monde de brutes. Des figures certes classiques mais auxquelles ces acteurs insufflent une réelle authenticité. C’est peut être là que se situe la principale qualité de Captain America : dans sa propension a respecter à la lettre son cahier des charges sans jamais être trop mécanique ou cynique. On appelle ça une bouffée de fraicheur. Et franchement dans ces moments là on se dit que la nostalgie a du bon !

 

Parfois maladroit mais toujours attachant, Captain America sert de jolie introduction aux Avengers mais parvient sans mal à exister par lui même. 2011 : l’année où Marvel aura lavé bien des affronts passés. America…. FUCK YEAH !!

 

 

Captain America: First Avenger – bande annonce 2… par Paramount_Pictures_France