Critique : Chimpanzés

 

Un film de Alastair Fothergill et Mark Linfield. Avec les voix de Tim Allen (VO) et Ary Abittan (VF). Sortie le 20 février 2013.

 

Une voix off larmoyante, un scenario convenu ou une iconographie « Disneynature » bucolique, inutile d’aller plus loin, Chimpanzés est un produit calibré destiné aux bambins.

 

Note : 2,5/5

 

Alternant toutefois avec doigté humour et émotion, nul doute que ce dernier trouvera son quota d’aficionados parmi les sorties cinéma des garderies et autres mercredi en famille. Un produit pas toujours honnête malgré tout tant son écriture frôle la caricature. Après Océans en 2010, Pollen en 2011 et Félins en 2012, Disneynature (la filiale de documentaires animaliers de Disney) réitère donc son office avec Chimpanzés. Anthropomorphisme à gogo, 4 ans de tournage en côte d’Ivoire, quid donc du nouvel opus de la firme de Mickey ? A l’image des documentaires modernes, Chimpanzés plonge donc tête la première les spectateurs que nous sommes dans une suite d’images à couper le souffle. Magnifiant son propos par une illustration sublime d’une jungle luxuriante et pas forcément domptée, le cinéaste nous donne à découvrir le difficile apprentissage  de la vie par notre héros, Oscar. Alternant les plans les plus incroyables les uns que les autres, le film démarre donc tout en douceur pour nous laisser apprivoiser cet ailleurs que nous mythifions. Conscient de la beauté de mère nature et de l’intérêt de la préserver, le contrat est rempli, le spectateur se sent coupable de la déforestation et fait revivre en lui le mythe du bon sauvage…Ceci étant, une fois cette magnificence de la nature établie, qu’en est il réellement du propos  du cinéaste ? Il semble en fait rapidement que malheureusement, celui ci se fera des plus manichéen. Alors que les chères têtes blondes écarquillent les yeux devant un spectacle aux multiples rebondissements (Oscar va perdre sa mère, se confronter au méchant de l’autre clan… Et bien oui, on est chez Disney), les parents eux savent déjà qu’ils ont déjà vu cette histoire cent fois… Lorgnant autant vers Bambi que vers Le Roi Lion (le méchant s’appelle Scar !), les gros sabots du film ne font en somme que s’embourber…

 

© Disney Nature
© Disney Nature

 

Donnant aux images le sens qu’il lui prête grâce à un montage plus que rédigé et à une scénarisation à outrance, le réalisateur Alastair Fothergill peine alors à soutenir l’intérêt. Étalant son récit sur trois actes simplistes (perte de la mère, recueil de l’orphelin, affrontement avec le clan adverse), le cinéaste se répète beaucoup et ne parvient pas à interpeller par quelconque élément déclencheur. C’est dommage, mails le film eut gagné à plus de spontanéité.  Vous l’aurez compris, Chimpanzés s’il ravira sûrement les enfants de moins de 8 ans ne devraient pas, à l’instar de certaines pépites du prestigieux studio, rester en mémoire de cinéphile plus que quelques semaines. Alors que le documentaire « Nature » se donne de plus en plus de lettres de noblesse, celui consacré à nos amis les primates ne parviendra donc pas à chasser de nos mémoires les King Kong ou autres Planète des singes. Sans surprise, chimpanzés demeure en l’état un joli conte initiatique pour qui n’a pas encore développé d’esprit critique. Scénarisé à outrance et copie-collant les scénarii d’anciennes gloires de Disney, impossible de ne pas en vouloir à la firme aux grandes oreilles  de ne pas avoir fait plus d’efforts d’écriture.

 

Une fable écologiste et bienveillante des images d’une nature préservée encore époustouflante, et  rappelant à l’homme qu’il n’est toujours qu’un invité. C’est déjà ça.

 

Bonus : Dossier Le singe au cinéma