Critique : Destination Finale 5

 

Un film de Steven Quale. Avec Nicholas d’Agosto, Miles Fisher, Emma Bell. Sortie le 31 aout 2011.

 

La Mort revient casser du djeun’s pour la cinquième fois. L’opus de trop ?

 

Note : 2,5/5

 

Il y a onze ans, Destination Finale bousculait le petit monde du slasher en intronisant un boogeyman pas comme les autres : La Mort. Une idée originale et d’autant plus effrayante de par le caractère immatériel et omnipotent de cette bonne vieille Grande Faucheuse. Accidents domestiques, du travail, de la route… la saga est rapidement devenue un véritable catalogue des mises à mort les plus couillonnes avec son lot de gimmicks (accidents inauguraux impressionnants, apparitions de Tony Todd en médecin légiste …). Mais alors que Destination Finale 2 avait marqué les esprits via une incroyable séquence d’introduction et des morts toujours plus inventives, la franchise s’est par la suite rapidement installée dans une forme de routine, chaque opus se suivant de manière quasi métronomique (un tous les trois ans) et se ressemblant au point de  devenir interchangeables. Et ce n’est pas l’utilisation de la 3D exploitée de manière assez opportuniste qui allait changer la donne. Car si cette dernière renforçait l’aspect train fantôme de l’ensemble, force est de reconnaître qu’elle n’apportait rien de plus. L’arrivée de Steven Quale, réalisateur 2ème équipe sur de nombreux films de James Cameron dont Titanic et Avatar, allait-elle booster une tétralogie en berne ? Pas vraiment …

 

© New Line Productions

 

Que ceux qui s’attendaient à un nouvel épisode tranchant radicalement avec ses ainés passent leur chemin, DF5 ne propose rien de plus ou de moins que ses prédécesseurs. Des mises à mort rigolotes, du sang qui gicle abondamment sur l’écran… les connaisseurs resteront en territoire connu, identifiant ici et là quelques références et autres figures imposées (le mec cool traumatisé d’avoir sa copine mourir sous ses yeux le beauf de service mourant dans d’atroces souffrances) directement issues des autres opus. Le reste suit une mécanique archi revue et n’innove jamais, enquillant des « meurtres » de moins en surprenants tandis que la petite nouveauté de la saga (une règle jusqu’ici inconnue au jeu sinistre de la Mort) se voit carrément sous exploitée. Bref, rien de bien neuf sous le soleil mortuaire !   Non, l’intérêt de ce 5ème film ne réside en aucune manière dans sa capacité à se renouveler mais plutôt dans cette forme d’ironie et de distance de plus en plus grande. Au 1er degré clinique des DF1 et 3 (pour ne citer qu’eux) répond ici une ironie cinglante qui nous rappelle qu’au final les DF ne sont rien d’autre que des comédies macabres où le rire prend invariablement le pas sur l’effroi. Comme si les exactions de la Mort étaient autant attendues au tournant pour leurs violence que pour leurs potentiels comiques, le  premier étant toujours une condition sine qua non au second . Preuve en est avec un générique inaugural en forme de très longue bande démo macabre répertoriant à peu près tout ce qui pourrait vous tomber sur la tronche si vous osiez défier la Mort. Au final, on ne retiendra de ce DF5 qu’un petit capital sympathie renforcé par des acteurs pas têtes à claques (merci Nicholas D’Agosto et la superbe Jacqueline Macinnes-Wood) et une rigolote vidéo virale,  ainsi qu’un astucieux clin d’oeil final au film matriciel.
 

 

Ni pire ou meilleur que ses grands frères, DF5 marque plus que jamais les limites de ce grand festival de la Mort qui tâche mais fait preuve d’un second degré bienvenu. Par contre il serait peut être temps d’arrêter non ?