Critique : Devil

 

Un film de John Erick Dowdle. Avec Chris Messina, Bojana Novakovic, Bookem Woodbine. Sortie le 20 avril 2011.

 

M.Night Shyamalan passe du coté obscur de la production. Aie !

 

Note : 1,5/5

 

Shyamalan pêche t il par excès de naïveté ou d’orgueil mal placé ? C’est la question à 100 millions de $ qui taraude ses admirateurs et ses détracteurs depuis plusieurs années maintenant. Il faut dire qu’être taxé de « nouveau Spielberg » après un essai indéniablement réussi (Sixième Sens) n’arrange pas les choses. Ses films suivants n’ont pas été fédérateurs pour autant : tandis qu’un clan louait le génie du cinéaste, l’autre criait à l’arnaque. Le Dernier Maitre de l’Air aura toutefois mis tout le monde d’accord sur son caractère hautement soporifique. Tombé en disgrâce (en même temps quelle idée de faire un film sur un gamin tondu qui fait des mouvements dans l’air !), Shyamalan allait-il se refaire une santé en passant au poste de producteur ? Négatif, mon commandant. Pris d’une furieuse envie de singer Rod Serling (créateur et narrateur de La Quatrième Dimension), le réalisateur d’Incassable a décidé de se lancer dans l’écriture d’une trilogie « sobrement » intitulée The Night Chronicles. Soit trois contes moraux écrits par l’intéressé dont on devine déjà qu’ils reposeront chacun sur un pitch et un twist à retourner le cerveau d’un cartésien en plein brainstorming ! Pas de bol, l’intrigue et le « retournement de situation » de ce premier volet se montrent aussi baisés l’un que l’autre.

 

"Devil" de John Erick Dowdle

 

Hus clos esoterico-contemporain, Devil emprisonne huit personnes dans un ascenseur en panne. A priori, rien de grave, surtout si quelqu’un a amené son jeu de cartes, sauf que parmi eux se cache le Diable en personne. Intriguant durant son premier quart, ce jeu de Cluedo à la sauce « L’exorciste », aurait pu être amusant si il s’était montré un peu moins poussif dans son exécution. En gros : imaginez Cube avec des citadins têtes à claques en guise de rats de laboratoire et un ascenseur passant en boucle « Don’t Sit Under The Apple Tree » de Glenn Miller, dans le role du cube infernal. Rien de préjudiciable en soi, un bon nanar dans une cage d’ascenseur pouvant toujours être amusant à voir si le gore et/ou les répliques gores sont au rendez-vous. Sauf que les effusions de sang brillent par leur pauvreté tandis que la caution nanarde n’est assurée que par un pauvre monologue durant lequel on apprendra qu’une tartine ne tombant pas du mauvais coté est un signe évident de la présence du Diable ! Et le film d’user dès lors d’effets de manche vaseux à base d’orchestrations tonitruantes et autres jeux de lumières épileptiques pour donner un semblant de rythme et cacher la profonde vacuité de l’ensemble. Pire, une fois révélé le« twist-qui-tue-tellement-sa-mère-que-si-tu-l’avais-pas-deviné-au-bout-de-trente minutes-ben-t-vraiment-une-brêle », le film de John Erick Dowdle (En quarantaine, le remake de Rec, oui quand même) se complait dans discours prêchi-prêcha et réac’ sur la rédemption et le sacrifice. Vous ne vous en doutiez pas mais depuis une très longue heure vingt, Shyamalan vous a assené un cours de catéchisme ! Reste une très belle scène d’introduction montrant New York à l’envers et la superbe photographie de Tak Fujimoto qui s’amuse comme un fou avec les nuances de rouge. C’est bien peu !

 


Nanti d’un pitch amusant voire ludique, Devil aurait pu être une sacrée pelloche s’il ne s’était pas montré aussi ronflant et moralisateur.