Un film de Dean DeBlois. Avec les voix originales de Jay Bruchel, Gerard Butler, Cate Blanchett. Sortie le 2 juillet 2014.
Respectant à la lettre la règle du Bigger,Better, Louder, Dragons 2 prouve – une fois n’est pas coutume – qu’une suite peut être supérieure à son modèle tout en lui étant parfaitement complémentaire.
Note : 4,5/5
Débarqué en 2010, Dragons avait su créer la surprise par ses ambitions aussi bien techniques que narratives, révélant par là même chez la filiale animation de Dreamworks une maturité encore insoupçonnée ou du moins trop en retrait. Et alors que Pixar semblait tourner en rond, les productions Dreamworks Animation, elles, gagnaient en puissance avec des titres aussi emblématiques que Les Croods ou l’excellent Les Cinq Légendes. Seulement voilà : si Dreamworks a su innover avec des franchises comme Shrek , Madagascar ou Kung Fu Panda, leurs suites, bien que de bonnes factures peinaient à se hisser à la hauteur de leurs illustres ainés. Dragons 2 allait- il subir le même sort ou au contraire prouver la capacité de renouvellement dont Dreamworks Animation fait preuve depuis quelques années déjà? Sans équivoque aucune c’est dans cette second lignée que s’inscrit Dragons 2. On y retrouve Harold et Krokmou, porte étendards de l’amitié retrouvée entre dragons et vikings faire face à une nouvelle menace qui pourrait bien menacer ce fragile équilibre. Beaucoup de dents risquent de grincer à la lecture de cette phrase mais oui : pour beaucoup de raisons Dragons 2 est d’une certaine manière supérieure à son modèle, ou tout du moins elle en affine l’esprit en creusant des thématiques complémentaires. Plus manichéenne et convenue que celle de son prédécesseur, l’intrigue de cette suite sert de prétexte à l’équipe pour explorer de nouvelles pistes narratives tout en creusant la thématique du parcours initiatique. Alors oui, certains rebondissements sont attendus de même que les tenants et aboutissants de cette nouvelle virée à Berk, mais les créateurs de l’aventure Dragons n’ont pas pour autant décidé de faire preuve de roublardise. A l’apparente modestie du premier opus s’oppose ici une démesure accouplée au même sens de l’émerveillement qui faisait tout le sel du premier opus .

Comprendre par là que si Dragons 2 monte en gamme en termes d’ambitions il n’en occulte pas pour autant un ingrédient principal : le cœur ! En résulte un divertissement hautement fédérateur qui embarque littéralement son public lors de séquences spectaculaires renforcées par une 3D immersive à souhait (un « détail » suffisamment rare pour être précisé) et une direction artistique à tomber par terre. S’adressant aussi bien aux petits qu’aux grands, Dragons 2 parvient à faire retomber son spectateur en enfance en conjuguant tout un champ lexical du merveilleux malheureusement de plus en plus absent dans le cinéma d’animation. C’est là que réside la grande force du film, dans sa capacité à générer tout un spectre d’émotions, le spectateur pouvant passer instantanément du rire aux larmes, de l’émerveillement à la peur en un claquement de doigts sans que cela ne paraisse jamais forcé ou ostentatoire. Au contraire, Dragons 2 touche aussi et surtout par sa capacité à nous faire ressentir en toute spontanéité. C’est cette apparente simplicité, ce souci constant du public qui confère au film son charme. Car il y a dans Dragons 2 ce quelque chose qui confère de l’intime et qui le rend immédiatement sympathique et universel. A travers les aventures d’Harold, le réalisateur Dean DeBlois (qui officie ici en solo) évoque des thèmes aussi forts que la transmission, la famille, l’amitié et le droit à la différence. La relation père/fils qui servait de squelette au premier film prend ici une place primordiale – pour ne pas dire d’avant plan- rendant cette aventure encore plus prégnante. Plus que l’aboutissement d’un parcours initiatique qui a pris ses racines en 2010, Dragons 2 parle de la nécessité de se construire en tant qu’homme à travers le modèle parental tout en préservant une certaine individualité. Un film sur l’héritage et la construction dans l’adversité qui gagne en puissance grâce à des personnages formidables et troublants d’authenticité. C’est bien simple on avait pas vu personnages animés aussi humains depuis les grands crus Pixar ! Autant de qualités qui font de dragons 2, l’un si ce n’est LE meilleur divertissement estival de l’année. Un vrai coup de cœur à ne rater sous aucun prétexte.
D’une portée émotionnelle et épique rare, Dragons 2 est un voyage riche en sensations fortes qui risque bien de vous clouer à votre siège.