Critique : G.I.Joe : Conspiration

 

Un film de John M. Chu. Avec Dwayne Johnson, Bruce Willis, Adrianne Palicki. Sorti depuis le 27 mars 2013.

 

Les Joes reviennent et ils ne sont pas contents ! Devinez quoi ? Nous non plus  !

 

Note : 2/5

 

 

On pourra dire ce qu’on veut sur G.I. Joe premier du nom, le film, en dépit de ses nombreux défauts, avait le mérite d’assumer jusqu’au bout son identité de cartoon live. Stephen Sommers, , avait accouché d’un opus fun et  bas du plafond mais néanmoins très généreux. Alors oui, le film était en soi un nanar mais dont le refus absolu de se prendre au sérieux suscitait une sympathie quasi immédiate. Un pur plaisir coupable. C’est un peu ça la formule Sommers : un savant dosage entre connerie et générosité dilué dans la fraicheur du divertissement estival. Rien de plus, rien de moins… et surtout pas cette propension à se prendre pour un nabab chère au cœur de tous les Rob Cohen de la planète ! Changement de cap radicale pour cette suite qui décide d’opter pour une approche beaucoup plus terre à terre mettant le ola sur les gadgets hi techs mais conserve quand même cette petite fibre patriotique prompte à faire verser une larme au général Custer s’il était encore de ce monde ! Une intention louable mais qui se révèle à double tranchant tant elle semble éloignée de ce que représente G.I. JOE aujourd’hui. Ainsi on pourrait dire que G.I. Joe : Conspiration est une sorte de pendant militaire de James Bond mais au sérieux un peu trop papal. Dans cette suite, les trois derniers membres de cette unité d’élite  s’en vont venger leurs camarades tués lors d’une expédition commanditée par un faux Président des Etats Unis bien décidé à faire vaciller l’équilibre du monde aux cotés de son boss Cobra. Raconté comme ça, G.I. Joe : Conspiration fleure bon le divertissement crétin qui tire de partout en vous demandant de bien vouloir laisser votre cerveau à l’accueil. Sauf que voilà : à trop faire dans le premier degré, ce dernier opus finit par provoquer une belle sortie de route et pourrait bien décevoir les aficionados.

 

© Paramount Pictures
© Paramount Pictures

 

Difficile en effet de se sentir impliqué dans une intrigue tentant de nous faire avaler des couleuvres énormes sans jamais prendre la distance nécessaire et surtout servi par des personnages totalement sacrifiés à l’image de Jinx ou Flint. La faute comme énoncé précédemment à un sérieux beaucoup trop appuyé n’exploitant jamais le fort potentiel comic book de ses protagonistes. Une frustration balayée de la main par Snake Eyes dont chaque apparition, aussi furtive soit elle, contient en son sein cette décomplexion tant escomptée et cristallisée par un assaut montagneux rigolo mais bien trop court. Le personnage interprété par Ray Park est à l’image de ce qu’on attend des G.I. JOE : des soldats à l’aura quasi mythique davantage ancré dans notre imaginaire de gosse que dans une réalité caricaturée. Et c’est peut être là que se situe le gros problème du film : dans le manque évident de plaisir qu’il procure au public, préférant suivre un cheminement ultra balisé que d’impliquer son public. Un peu comme si on assistait à la démo non jouable d’un jeu de tir militaire. Tout du long, le film de John Chu semble faire les frais de sa genèse tortueuse et se cherche entre actionner bourrin et thriller militaire totalement désuet. Habitué à filmer les mouvements des corps, John Chu semble peu à sa place ici et peine à s’imposer en termes de mise en scène. Heureusement, cette bonne vieille branche de Jonathan Pryce vient apporter un peu de second degré tandis que le final insuffle un minimum d’ampleur à un ensemble bien trop mollasson. Pour le reste, il faudra se contenter d’une accumulation de performances en mode cacheton avec en tête de lice un Bruce Willis en mode RED light.  Il en résulte un métrage bicéphale à la limite de la schizophrénie et manquant singulièrement d’identité bien loin du divertissement brut auguré par le trailer.

 

Accident industriel par excellence, G.I.Joe : Conspiration se révèle davantage anodin que mauvais, sauvé de la catastrophe par quelques bribes de lucidité nanardesque. A quand un spin off centré sur Snake Eyes ?