Critique : Hotel Normandy

 

Un film de Charles Nemes avec Eric Elmosnino, Helena Noguerra, Ary Abittan. Sortie le 8 mai 2013.

 

Hôtel Normandy respecte – à la lettre ! – les codes de la comédie romantique. Ce qui inclut de l’amour, de l’humour et, après quelques péripéties accessoires, un happy end forcé. En un mot, rébarbatif.

 

Note : 2/5

 

Tout est ici réuni sous le sceau d’une mise en scène théâtrale prononcée et kitch à l’extrême. Il suffit d’apporter une seconde d’attention à la déclaration enflammée que délivre une Helena Noguerra boycottant les principes de l’actor studio, laquelle interrompt inopinément la vente aux enchères en cours pour se poster sur l’estrade, devant les commissaires priseurs. Une déclaration, qu’avançons-nous, une tirade, un monologue ! Confirmé, de surcroît et sans grande surprise, par un plan serré.  Rien de naturel, donc, dans cette farce où les quiproquos et les destins sont déjà scellés et, malgré ce parti pris évident, nous sommes en droit de le déplorer. Les effets scénaristiques court-circuitent une fraicheur éphémère et pourtant bienvenue, qui se mure, sur des sentiers battus, dans une prévisibilité courue d’avance. Les copines qui s’improvisent entremetteuses et offrent un homme à leur meilleure amie en plein désert amoureux depuis le décès du mari… merci mais on repassera. Les visages « neufs » du trio formé par Noguerra, qui pourtant se démène et en fait des tonnes en midinette nostalgique, l’impeccable Elmosnino, remarqué dans Gainsbourg, vie héroïque, et le talentueux Abittan, n’y changeront rien. Heureusement que quelques répliques bien placées et bien tournées nous distraient d’un ennui programmé.

 

© StudioCanal
© StudioCanal

 

Les retournements de situation, les scènes rocambolesques, les usurpations d’identité auraient été prometteurs sans ces dialogues prémâchés et parfois récités. Cela crève les yeux – autant que les écrans – que les acteurs se sont dépensés pour se dépêtrer d’un texte encombrant, barbant, contre-productif. Un point positif, tout de même, et non négligeable puisqu’il accorde son titre au film : le cadre. Okay, on n’en démord pas de l’image bling bling artificielle de Deauville mais, avouons-le, cette ville a un charme fou. Enfin, on franchit les portes du Paris-capitale-incontestée-de-l ‘amour pour sublimer la côte normande, sa verdure, ses dimensions modestes, ses célèbres planches et son hôtel emblématique. Et, mine de rien, il semblerait qu’il y ait un peu de lutte des classes dans le sillon de ce sujet et son traitement guimauves. Notre héroïne la banquière – un hasard, vraiment ? – s’énamoure d’un galeriste plein aux as, son ex-épouse d’un rustre quoique gentleman et la femme de chambre se voit gratifiée dans cette (més)aventure d’une paire de Louboutin. Un timide, très timide « pas », si nous osons le jeu de mots, vers une société marxiste associée aux contes de fées, qui prône la mixité ? Allez, on s’égare…

 

En résumé, si quelques éclats de rire ont submergé une salle dont la moyenne d’âge atteignait quarante ans, nous pouvons affirmer que Hôtel Normandy adresse des amours quadras à, oh exception ! des quadras. En dehors du public cible, se tenir à une distance raisonnable de ce navet.

 

 



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