Critique : Killer Elite

 

Un film de Gary McKendry. Avec Jason Statham, Robert De Niro, Clive Owen. Sortie le 26 octobre 2011.

 

Jason Statham s’en va casser la gueule des espions du monde entier. Va y avoir du sport !

 

Note : 3,5/5

 

Parce que dans le petit monde des espions il n’y a pas que des bellâtres en smoking, Killer Elite se focalise sur ces hommes de l’ombre qui, tandis que d’autres boivent leurs martinis au shaker et pas à la cuillère, zigouillent tranquillement les ennemis de l’Etat. Soit l’histoire de Danny (Jason Statham), ex assassin obligé de reprendre les armes pour sauver son mentor et ami Hunter (Robert de Niro). Dès lors, il va se retrouver au centre d’une machination impliquant d’anciens SAS dont le très coriace Spike. Avec son intrigue à base d’assassinats aux quatre coins du monde, Killer Elite a des airs de Munich dopé aux stéroïdes. Sauf que très rapidement, le film de Gary McKendry s’affranchit de son statut d’actionner bourrin pour dérouler une toile complexe où les services spéciaux du monde entier se tirent la bourre. Loin du Tueur d’Elite de Sam Peckinpah auquel il emprunte son titre original, le film mêle enjeux politiques et bourres pifs sans jamais sombrer dans le ridicule. Un concept casse gueules (c’est le cas de le dire !) mais qui tient plutôt bien la route, un peu comme si Nu Images se mettait à adapter John Le Carré ! Ca vous fait peur ? Faut pas voyons !

 

© Open Road Films

 

Mâchoire serré, flegme de rugbyman et répliques chocs au bout des lèvres, Statham fait du Statham avec le tact qu’on lui connaît et s’impose d’emblée comme le digne successeur de Charles Bronson, la moustache en moins. Car s’il y a bien une qualité à mettre au crédit de Killer Elite c’est son coté old school et carré qui n’est pas sans rappeler – toutes proportions gardées- les films de Jack Lee Thompson et Terrence Young… l’ombre de Charles Bronson n’est décidément pas loin ! De fait, si on pourra aisément se prendre les pieds dans ces imbroglios politico vengeurs, les scènes d’action ont le mérite d’être filmées de manière on ne peut plus frontales et lisibles, faisant de ce Killer Elite une petite bombe d’énergie tendu jusqu’ à la moustache d’un Clive Owen très crédible en agent trouble. Coté seconds rôles, saluons la présence du trop rare Dominic Purcell en bourrin loyal et attachant. Dommage toutefois qu’à l’image de beaucoup d’autres seconds rôles, son personnage soit sous exploité, le film se focalisant beaucoup trop sur Statham, on appelle ça le syndrome Tom Cruise/Mission Impossible dont Killer Elite serait une forme de dégénérescence. Dans le même ordre d’idées, fustigeons le temps de présence absolument dérisoire de la sublime Yvonne Strahovksi. Intronisée fantasme geek ultime depuis qu’elle a fait tourner la tête de Chuck Barthowski dans la série du même nom, la belle blonde joue ici les potiches inutiles comme si Killer Elite ne pouvait pas se permettre d’être une seule histoire d’hommes. Soit. Encore aurait il fallu lui trouver une réelle justification au sein de cette intrigue à forte teneur en testostérone. Tant pis, le grand rôle d’Yvonne ce ne sera pas pour cette fois ! Quelque peu répétitif durant son dernier quart, le film joue inutilement les prolongations, enfonçant des portes ouvertes avec le tact d’un All Black enragé ! Un changement de rythme qui détonne avec le climat tendu déroulé jusqu’ici sans jamais se casser la gueule.

 

A la lisière entre le film d’action et d’espionnage, Killer Elite permet de passer un bon moment aux cotés d’un cast plus impliqué que d’ordinaire.