Un film de Nick Hamm. Avec Ben Barnes, Robert Sheehan, Pete Postlethwaite. Sortie le 3 août 2011.
Le Prince Caspian a une sérieuse dent contre Bono. Le match du siècle ? Le plus rock n’roll en tout cas !
Note : 3,5/5
En 2003, le groupe American Hi-Fi scandait The art of losing, morceau pop résolument orienté teen mais dont les paroles font étrangement écho à ce Killing Bono. Mais au fait Killing Bono c’est quoi ? L’histoire d’une tentative d’assassinat du leader de U2 ? Un documentaire virulent ? Un biopic au titre provocateur ? Rien de tout cela ami rockeur amateur de balades irlandaises dopées à la Guinness light ! A l’heure où il est de bon ton de raconter l’ascension fulgurante de nos amis musicos, Nick Hamm, lui, prend le problème à l’envers et s’attache à l’histoire de Neil McCormick, aspirant rock star qui, avec son jeune frère Ivan, décide de monter son propre groupe de rock dans le Dublin de la fin des années 70. Sauf que voilà : Neil n’est pas le seul à nourrir des rêves de gloire musicale. Parallèlement Paul, son camarde de classe, ambitionne aussi de secouer la scène rock irlandaise sous le nom de… Bono ! Cette relation, à cheval entre admiration mutuelle et jalousie exacerbée, n’est toutefois pas le nœud central de cette chronique beaucoup plus amère que douce. Car non, on vous le dit encore une fois : Bono a beau squatter le titre du film, il n’est jamais le centre d’intérêt.

Sous couvert de comédie dramatique sur le sublime art de la loose, Killing Bono dresse le portrait d’un homme dont l’égocentrisme et la jalousie maladive l’aveugleront au point de tout perdre. Et le film de se transformer alors en anti success story où la lente descente aux enfers du personnage principal aura d’étonnantes résonnances avec l’élévation de son Némésis. Dans la peau de ce poissard de première collectionnant les tuiles comme d’autres les timbres, Ben Barnes fait preuve d’une énergie incroyable. Tour à tour drôle et pathétique, il parvient à parfaitement cerner les nuances de cet homme autodestructeur et condamné à vivre dans l’ombre d’un autre. A ses cotés, le jeune Robert Sheehan (Misfits) se montre tout aussi convaincant en frangin floué, et confirme son statut de valeur sûre du cinéma UK. Vrai/Faux drame humain, Killing Bono s’interroge in fine sur le bien fondé de la gloire. Est-ce une question de talent ou de chance ? Malheureusement, le film ne fait qu’esquisser vaguement une réponse de même qu’il élude certains aspects au profit de la comédie pure. Un peu plus de subversion n’aurait pas fait de mal, notamment concernant U2 qui s’en tire avec les honneurs même lorsque le look de Bono trahit un égo de plus en plus monstrueux. C’est peut être le seul vrai défaut de ce film principalement rythmé au gré de cette sacrée Loi de Murphy. Pas de quoi se cacher les yeux ou se boucher les oreilles devant cette petite boule d’énergie forcément rock n’roll !
B.O. tonitruante et acteurs survoltés sont les ingrédients de cette chronique rock qui aurait gagnée à être un peu plus irrévérencieuse !