Critique : La Dame en Noir

 

Un film de James  Watkins. Avec Daniel Radcliffe, Ciaran Hinds, Janet McTeer. Sortie le 14 mars 2012.

 

Après les sorciers, l’ex Harry Potter affronte les fantômes dans cette ghost story à déconseiller aux amateurs de gore qui tache.          

 

Note : 3 ,5/5

 

En 2011, la célèbre firme Hammer tente un timide retour au cinéma trente ans après  son insipide remake d’Une femme disparaît d’Alfred Hitchcock. Une résurrection presque aussi peu glorieuse que sa mort puisqu’elle s’opère avec La Locataire, thriller domestique et soporifique dans lequel Hilary Swank affronte Jeffrey Dean Morgan. Et si le studio revient aux sources avec l’inédit et plutôt pas mal Wake Wood, rares sont ceux qui croient encore à une embellie horrifique. On efface tout et on recommence : après un faux départ la Hammer revient pour de vrai cette fois et se pare pour l’occasion d’un tout nouveau logo. Et quel meilleur moyen pour faire passer le message qu’un classique de la littérature gothique ? En l’occurrence La Dame en Noir, roman de Susan Hill écrit en 1983 et déjà adapté à la télévision et au théâtre.  Dans cette histoire très sombre située à la fin du XIXème siècle, nous retrouvons un jeune notaire londonien envoyé dans le nord du pays pour assister aux funérailles d’une vieille femme et organiser sa succession. Très vite, il va être le témoin des apparitions d’une mystérieuse femme en noir. Amateurs de torture porn aux twists tarabiscotés, passez votre chemin, le film de James Watkins ne fait pas dans la surenchère inutile. Film classique au sens noble du terme, il prime avant tout sur une ambiance délétère et oppressante. Une ghost story linéaire certes mais implacable dans son exécution. Lentement mais surement,  le film parvient à nous embarquer pieds et poings liés dans cette atypique descente aux enfers sans jamais recourir aux effets de manche inutiles.

 

Daniel Radcliffe dans La Dame en noir de James Watkins
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A l’image d’autres fleurons du genre, La Dame en Noir renvoi à une certaine conception du cinéma où le fantastique se manifeste à travers un univers où la frontière entre réalité et onirisme se délite petit à petit pour mieux se confondre. Et s’il use parfois des figures inhérentes au genre c’est toujours à bon escient. La Dame en Noir est avant tout un film de l’économie dans les paroles, la démonstration, sans toutefois occulter une réelle implication du spectateur. Et cela en grande partie grâce à un Daniel Radcliffe diablement convaincant. Si la perspective de le voir dans rôle aussi mature pouvait laisser perplexe, force est de reconnaître qu’il balaie rapidement toutes nos appréhensions et réussit son entrée dans la cour des grands.  Parfaitement crédible en notaire endeuillé, il parvient même à se montrer sacrément touchant dès lors que le spleen succède à l’angoisse. Rarement mue cinématographique n’aura été aussi convaincante. Qu’on se le dise Daniel Radcliffe est plus que jamais un acteur à part entière. Harry Potter est déjà loin ! Quatre ans après son inégal mais intéressant Eden Lake, James Watkins prouve qu’il est un cinéaste à suivre et se fond complétement derrière son sujet. D’aucuns le taxeront surement d’académisme, ici on préfère parler de mise en scène sobre et racée. Si l’ensemble peut se désarçonner par son manque de surprises et de frissons, le voyage presque anachronique auquel il nous invite a quelque chose de fascinant. Car à défaut de révolutionner le genre, La Dame en Noir lui donne une autre perspective peut être oubliée en ces temps de trop plein horrifique.
 
 

Petit Harry est devenu bien grand dans cette adaptation faisant rimer surnaturel et mélancolie. Classique mais intéressant !