Critique : La Traque

 

Un film de Antoine Blossier. Avec Grégoire Colin, Bérénice Béjo, François Levantal. Sortie le 13 juillet 2011.

 

Quand le cinéma de genre français montre les cornes, ça donne La Traque, série B nerveuse et oppressante.

 

 Note : 3,5/5

 

C’est presque une tradition : depuis quelques années déjà le cinéma de genre français sort de sa manche quelques petites perles à la carrière aussi éphémère que confidentielle. 2009 et 2010 étaient respectivement marquées du sceau de Mutants et Djinns, il faudra désormais compter sur La Traque pour représenter la cuvée 2011. « Qui va à la chasse perd son bras !» c’est ainsi qu’on pourrait définir ce survival champêtre dans lequel un groupe de chasseurs devient la proie d’un sanglier visiblement dopé aux hormones, le film d’Antoine Blossier commence comme une gentille saga de l’été avant de rapidement lorgner vers l’épisode de Très chasse très pêche qui aurait viré au rouge ! Attention toutefois à ne pas comparer La Traque avec Razorback, Blossier s’en défend farouchement préférant l’ambiance rugueuse de la campagne française à la fantasmagorie instaurée par Russell Mulcahy.

 

© Rezo Films

 

Doté de l’écriture parfaitement ciselée du scénariste Erich Vogel, La Traque dessine très vite ses enjeux et s’embarrasse de peu de fioritures. Dès les premières minutes tout y est posé de manière à nous immerger rapidement dans ce cauchemar sentant bon la chair à sanglier furax. Si la suggestion est de mise, la tension n’en est pas moins présente, parfaitement palpable sur le visage des protagonistes. D’où l’émergence d’une certaine peur qui ne cessera de monter crescendo au fur et à mesure que les relations entre les personnages s’altèrent. Car si l’espace, au demeurant très bien gérée par Blossier, est immense, il se dégage de l’ensemble un réel sentiment d’étouffement. Mais ce qui interpelle surtout dans La Traque c’est la manière dont ses instigateurs ont su tirer profit de leurs modestes moyens. Parfait représentant du sacro saint Système D (que nous cessons de louer quand il est utilisé à bon escient), le film dose ses effets comme il se doit ménageant le spectateur entre plages plus calmes (mais néanmoins tendu comme un string) et morceaux de bravoures privilégiant la sale bête. Il en résulte une pelloche nerveuse, carrée, certes pétrie de petits défauts mais néanmoins généreuse et efficace. Si La Traque et son pitch très simpliste ne révolutionneront pas le genre (ce qui n’est pas le but en même temps), il témoigne d’une sincérité désarmante couplée à un vrai savoir faire.  Une belle surprise.

 

Fort bien écrit et mis en scène, La Traque détonne par son approche frontale, assumant parfaitement le genre auquel il fait allégeance. Dans notre beau paysage cinématographique, ça change !

 
 

Bande annonce La Traque par sortiescinema