Critique : Le Complexe du Castor

 

Un film de Jodie Foster. Avec Mel Gibson, Jodie Foster, Anton Yelchin. Sortie le 25 mai 2011.

 

Mel Gibson rejoue le blues du businessman devant la caméra de Jodie Foster. Préparez le Xanax !

 

Note : 3,5/5

 

William Blake (Mel Gibson) l’a mauvaise : non content de se farcir un spleen grand comme le Texas, ce golden boy – incarnation parfaite du rêve américain – se fait lourder par sa femme fatiguée de voir le gaillard passer ses journées à dormir quand il ne zone pas tel un fantôme un peu paumé ! Au bout du rouleau, il tombe par hasard sur une marionnette qui va bouleverser sa vie. Bien que ce ne soit pas le cas, Le Complexe du Castor semble avoir été écrit sur mesure pour Mel Gibson. Il faut dire que le parallèle est vite fait entre le parcours de William Blake et le chemin de croix de Mad Mel, plus vraiment en odeur de sainteté depuis ses nombreuses frasques personnelles. Sauf que le film de Jodie Foster est plus une histoire de renaissance que de rédemption. Celle d’un homme cherchant désespérément à trouver la formule magique qui lui permettra de se reconnecter avec sa famille, clé de voute de ce grand mystère qu’est William Blake.

 

© Summit Entertainment

 

D’une troublante fragilité (en gros imaginez le Martin Riggs de L’Arme Fatale sans le flingue ni la cool attitude), Mel Gibson étonne dans ce rôle d’homme blessé . Laissant partiellement de coté ses fameux regards de chien battu, il offre un jeu toute en finesse forcément marquée du sceau de ses récents déboires. Profondément touchant et d’une remarquable justesse il semble faire ici une double amende honorable : non seulement en tant qu’acteur mais aussi en tant qu’homme. Oubliez le soporifique Hors de contrôle, son vrai retour devant la caméra est là ! Une performance qui est à l’image d’un film qui ne tombe jamais dans l’écueil de la démonstration facile. Ici, tout passe par les non dits d’une famille qui a depuis bien longtemps oublié de communiquer. Du pain béni pour Jodie Foster qui renoue avec des thèmes qu’elle avait déjà abordée lors de ses deux précédents films où les apparentes dysfonctionalités des familles cachaient un amour profond. De fait, on ne peut que saluer sa façon délicate et drôle d’aborder un sujet difficile en lui insufflant une forme de poésie. Jamais consensuel ou lénifiant, Le Complexe du Castor fait poindre la petite larme derrière le sourire heureux et étonne par sa propension à être toujours optimiste sans jamais avoir recours au chantage émotionnel. Dommage que certains aspects soient traités de manière  parfois superficielle (la relation entre Blake et son fils ainé, l’amourette Anton Yelchin/Jennifer Lawrence) comme si la réalisatrice se concentrait trop sur son acteur principal. Récit de et sur la réconciliation parfois naif mais souvent juste, le nouveau film de Jodie Foster est une jolie fable sur la schizophrénie et la nécessité d’être entouré pour se reconstruire.

 

Jodie Foster réalise un joli coup de poker avec ce gentil complexe vampirisé par un Mel Gibson en état de grâce.