Critique : Le Hobbit – La Désolation de Smaug

 

Un film de Peter Jackson. Avec Martin Freeeman, Richard Armitage, Ian McKellen. En salles le 11 décembre 2013.

 

Bilbon et les sept nains ne sont pas encore rentrés du boulot mais nous offrent une traversée aussi sinueuse qu’agréable.

 

Note : 3,5/5

 

Il y a un an, Le Hobbit : un voyage inattendu  avait quelque peu divisé les spectateurs tiraillés entre révérence absolue et impression mitigée de se retrouver devant une longue introduction. Mais n’étais ce pas ce qu’on avait reproché à La communauté de l’Anneau ? Certes mais cette première incursion de Peter Jackson avait pour elle l’effet de surprise et surtout un récit qui justifiait amplement son étalement sur trois heures. Pas vraiment le cas du Hobbit. 365 jours plus tard quid donc de cette fameuse seconde partie ? Et bien, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle risque de faire davantage l’unanimité et pourrait bien réconcilier une grosse partie des aficionados. En rentrant de plein pied dans le cœur du sujet, Peter Jackson dessine enfin de réels enjeux dramatiques au voyage de Bilbon et ses acolytes qui gagne en ampleur grâce notamment à l’introduction de nouveaux personnages et autres sous intrigues. Si le récit de ce second volet aurait gagné à être un peu plus resserré, force est de reconnaître que Jackson fait ici preuve d’un sens de l’équilibre (surtout au niveau narratif) qui faisait grandement défaut à son ainé. Mieux encore, il parvient ici à parer cette incroyable aventure d’une vraie dimension tragique par l’entremise d’un cliffhanger aussi attendu que parfait dans son exécution.  Mais alors que le premier Hobbit se voyait quelque peu phagocyté par une impression de déjà vu, La Désolation de Smaug parvient lentement mais surement à se détacher de ses ainés et ce en dépit de clins d’œil parfois trop appuyés à la trilogie matricielle.Moins enclin à servir  la soupe aux fans, Jackson s’amuse comme un petit fou et aborde son long métrage comme un pur film d’heroic fantasy là où Un voyage inattendu, en dépit d’indéniables qualités, capitalisait essentiellement sur la nostalgie pour la saga originelle. Tel un gamin à qui on aurait offert de nouveaux jouets pour compléter un univers déjà riche, le réalisateur multiplie les morceaux de bravoure avec un sens de la frénésie qui n’a d’égale qu’une certaine générosité retrouvée.

 

© Warner Bros Pictures
© Warner Bros Pictures

 

A ce titre, saluons les arrivées de Legolas (Orlando Bloom) et Tauriel (Evangeline Lilly) dans le petit monde du Hobbit. Si le premier se montre toujours aussi classe avec son arc, la second elle envoute dès la première seconde et nous embarque sans mal dans son périple. Autant de qualités qui font de cette seconde partie, un long métrage autrement plus épique et incarné que son ainé qui pâtissait d’un manque de chair parfois rédhibitoire. Preuve en est avec la dernière partie située dans l’antre de Smaug qui constitue certainement le point d’orgue d’une aventure riche en péripéties malgré quelques redondances. A tel point qu’on aurait aimé que le film évite de trop se disperser pour mieux rester focalisé sur la quête de Thorin.   Sauf que voilà : au fur et à mesure que le spectateur se rapproche de l’inexorable fin, on se rend compte que les ambitions de ce Hobbit dépasse largement celles de départ. Une vision d’ensemble qui ne pourra prendre sa pleine mesure qu’une fois le dernier volet sorti et qui amènera peut-être à une certaine introspection de la part de ses détracteurs.  Une très bonne nouvelle en soi pour peu que cela ne serve pas de prétexte à Jackson pour ne pas nous pondre un Seigneur des Anneaux bis. Peu de risques serait on tenté de croire même si quelques signes avant coureurs pointent ici et là le bout de leur nez. Pêchant plus d’une fois par gourmandise et souffrant d’une parenté encore trop prégnante avec la trilogie du Seigneur des Anneaux, Le Hobbit : la Désolation de Smaug reste toutefois un film d’aventure démesuré et décomplexé qui invite à regarder au delà de sa simple apparence de prequelle pour mieux dérouler des enjeux autrement plus humains et poignants. Si on aurait aimé que Jackson laisse les clés de son royaume à quelqu’un d’autre en guise de passation de pouvoir symbolique, on peut aussi se réjouir qu’il ait décidé de nous offrir lui même une dernière virée tant il s’acquitte de sa tâche, parfois avec un peu de roublardise, sans cynisme mais plutôt avec la bienveillance d’un papa qui aurait du mal à laisser partir son fiston.  En l’état, cette première grande aventure de Bilbon aurait certainement gagné a rester à l’état de diptyque mais les voies des studios étant impénétrables, autant profiter du voyage d’autant qu’il s’avere fort agréable si on a rien contre les chemins de traverse.

 

Moins perfectible que son ainé, ce second volet prend enfin le taureau par les cornes même si on aurait aimé qu’il se disperse moins.